Dans les réseaux sociaux à Mbujimayi, une scène attire l’attention : celle des communicateurs politiques improvisés. C’est devenu si facile de s’improviser communicateur pro dans la capitale du diamant. Un smartphone, un compte Facebook ou TikTok, quelques dizaines de followers… et les voilà devenus la voix tonitruante d’un politicien, pourvu que quelques billets accompagnent l’effort.
Malheureusement, là où la communication politique devrait être un exercice de conviction, de stratégie et de pédagogie, elle se transforme en théâtre d’improvisation. L’argumentaire objectif fait place aux invectives et à la violence verbale, l’information à la désinformation, l’engagement à la flatterie, et la réflexion à la soumission aveugle. Bien souvent, ce n’est ni par passion politique ni par souci de servir l’intérêt général que ces jeunes s’engagent, mais plutôt par besoin d’argent. Pour 10 dollars par exemple ou une promesse d’un emploi incertain, ils deviennent des relais dociles, prêts à défendre l’indéfendable… ou à retourner leur veste à la première occasion.
L’affaire récente de la mise en accusation du gouverneur du Kasaï-Oriental, Jean-Paul Mbwebwa Kapo, pour détournement des deniers publics, en est une illustration criante. Du jour au lendemain, des pages autrefois dévouées à la défense acharnée du gouverneur se sont retournées contre lui, avec une virulence déconcertante. Un communicateur qui, hier, louait avec passion le leadership du gouverneur Kapo, a fini par demander pardon à la population pour ses propos passés.
« Mon leader ou rien ! »
Pire encore, plusieurs de ces communicateurs autoproclamés sont désormais cités dans des querelles de quartier, simplement parce qu’ils refusent qu’on leur oppose la moindre contradiction. Leur posture intolérante, alimentée par un sentiment d’impunité et un discours souvent agressif, exacerbe les tensions locales et transforme la discussion politique en source de division sociale.
Ce phénomène révèle une double fracture : d’un côté, l’inconsistance de l’engagement politique d’une partie de la jeunesse ; de l’autre, l’absence criante de formation civique et morale. Les communicateurs politiques de fortune deviennent ainsi des instruments d’une propagande souvent incohérente et toxique. En défendant tout et son contraire au gré des opportunités, ils finissent par décrédibiliser à la fois les acteurs politiques qu’ils soutiennent et l’image même de la jeunesse qu’ils prétendent représenter.
Jeunes, prenez conscience !
La communication politique mérite mieux. Elle doit être le reflet d’une pensée claire, d’un engagement réfléchi et d’un sens de responsabilité. Les communicateurs doivent comprendre l’importance de leur rôle dans une province comme le Kasaï-Oriental, longtemps fragilisée par de multiples crises politiques, économiques et sociales.
Il est grand temps que la jeunesse de Mbujimayi prenne conscience de la valeur de sa voix. Elle vaut bien plus qu’un billet de banque froissé. Elle peut être une force de transformation, une lumière dans le brouillard des ambitions personnelles et des manipulations. À condition d’avoir le courage de penser par soi-même, de s’informer, de se former et de refuser d’être un simple haut-parleur à louer.