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Mbujimayi : sortir les jeunes des milices et des groupes armés

Sortir les jeunes des milices et des groupes armés, tel était le thème de la conférence-débat organisée vendredi 18 août par Habari RDC à Mbujimayi. Les jeunes du Kasaï-Oriental, particulièrement ceux de la ville de Mbujimayi ont eu à  débattre de la question face au gouverneur de la province Ngoyi Kasanji et à deux autres orateurs.

Dans cet espace Grand Kasaï traumatisé par près d’une année d’atrocités entre l’armée et la milice Kamwina Nsapu, la population avait vraiment besoin d’entendre autre chose que les bruits de bottes. Elle avait hâte d’écouter un message de paix et de réconfort. Et ce message de paix lui est venu grâce à Habari RDC. Dans une conférence-débat sur le thème : « Sortir les jeunes des milices et des groupes armés », les jeunes du Kasaï-Oriental se sont exprimés sans complaisance, ni tabou. Ils demandent que cessent définitivement les atrocités et que la paix revienne dans leur province.

Dans son intervention, le gouverneur du Kasaï-Oriental, Alphonse Ngoyi Kasanji, un des orateurs du jour, a vivement remercié Habari RDC pour cette initiative qui contribue à la promotion de la paix. Il a souhaité qu’Habari continue à organiser ce genre d’activités dans la province. Ngoyi Kasanji a retracé le contexte dans lequel ont commencé les violences au Kasaï-Oriental. Pour lui, l’ancien chef coutumier Kamwina Nsapu a enrôlé les jeunes, et les a drogués afin de voler, violer, tuer et attaquer les symboles de l’Etat. Ce qui a entraîné plusieurs conséquences néfastes, notamment  la paralysie des activités quotidiennes des populations, la destruction des infrastructures (écoles, églises, édifices publics), la malnutrition sévère des enfants, etc.

La jeunesse, une force dans la dynamique du progrès

Selon le gouverneur, la paix a été restaurée grâce à l’intervention des forces de l’ordre. Il invite les jeunes à ne pas se laisser manipuler pour semer le chaos et la désolation. Pour lui, « la jeunesse doit comprendre qu’elle est une force non négligeable dans la dynamique du progrès de la province du Kasaï-Oriental ».

Et d’ajouter : « Les jeunes ne doivent pas céder à la séduction des démons, à l’intoxication et à la désinformation, car les milices et les groupes armés sont dirigés par des individus aux agendas obscurs. » Ngoyi Kasanji a également exhorté les jeunes à ne pas consommer aveuglément toutes les informations diffusées sur Internet, estimant que les jeunes sont souvent manipulés à partir de contenus qu’ils tirent des réseaux sociaux.  

La pauvreté incite les jeunes à adhérer aux groupes armés

Le contexte actuel de la RDC favorise l’adhésion des jeunes à des milices et à des groupes armés, a démontré Maître Paulin Cimanga, coordonnateur du réseau pour la réforme du secteur de sécurité et de justice (RRSSJ). Selon lui, le pays traverse la période la plus critique de son histoire, caractérisée par l’instabilité politique, le non-respect de la Constitution et de l’accord politique du 31 décembre 2016, la paupérisation du pays, le marasme économique, l’instabilité monétaire ainsi que le chômage. 

Face à cette situation sombre, plusieurs jeunes naïfs ont été instrumentalisés. Maître Paulin explique que le manque d’instruction et le chômage des jeunes rendent vulnérables ces derniers et les poussent à adhérer à n’importe quel mouvement. Il a plaidé en faveur de l’instruction des jeunes et de leur accès à l’emploi bien rémunéré, en vue de prévenir leur adhésion à des groupes armés.

Le tableau sombre de la situation des enfants en RDC, particulièrement dans les KasaÏ a été présenté par Yvonne Ngoyi, chargée de plaidoyer à l’ONG Save the Children. Faisant référence au rapport de l’Unicef de juillet 2017, elle a fait remarquer que 40 à 60 % des effectifs des milices sont constitués d’enfants de moins de 15 ans ! Plus de 500 cas d’enfants utilisés comme boucliers humains ont été enregistrés. Elle a relevé les instruments juridiques existant pour protéger les jeunes. Bien que les enfants continuent d’être enrôlés dans des milices et des groupes armés en RDC, Yvonne Ngoyi a salué le fait que désormais les structures de protection des enfants sont associées aux recrutements au sein des FARDC pour veiller à ce que des enfants ne soient enrôlés dans l’armée.

Réactions des participants

Un échange très riche entre les orateurs et les participants a suivi ces exposés. Certains nous ont livré leurs impressions. Le député Nyembwa Nyerere déclare : « Ce qui m’a intéressé d’abord c’est le thème : ‘’Sortir les jeunes des milices et des groupes armés’’ mais aussi la présence de l’autorité provinciale. On doit multiplier des séances de ce genre en vue de panser les plaies qui existent dans les têtes des jeunes qui avaient choisi d’adhérer à la milice Kamwina Nsapu. »

Henriette Kankolongo est avocate au barreau de Mbujimayi : « Je suis très contente de cette conférence-débat  organisée par Habari RDC. Le thème était très important, un sujet d’actualité dans notre province. Les jeunes qui sont dans des milices voient leurs mémoires affectées par des pratiques mystico-fétichistes et cela peut les rattraper dans la vie professionnelle. Je vais faire la restitution de cette conférence à notre structure de défense des droits de l’Homme, afin d’emboîter le pas à Habari RDC. »

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Les commentaires récents (2)

  1. Avec ce qui s’est passé à kananga récemment, un journaliste poursuivi jusque dans les installations onusiennes, qu’est-ce qui peut empecher les jeunes à adhérer dans la milice ? Admettons que les onusiens n’étaient pas là, quel serait son sort?

  2. A Mbuji mayi monsieur le gouverneur à sons groupes qu’on appel le 100%100 iya les jeunes dans ce groupe qui porte des armes blanche pour semé du désordres