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Nord-Kivu : les femmes de Bishusha veulent se faire élire aux prochaines élections

Les femmes rurales de Bishusha en territoire de Rutshuru ont pris l’engagement de voter pour certaines d’entre elles afin qu’elles accèdent elles aussi aux instances nationales de prise de décision. Ces femmes espèrent ainsi changer leurs situations dans ce territoire gangrené par des conflits intercommunautaires.

À travers leur association dénommée « Femmes debout pour la paix et le développement », les femmes de Bishusha prônent le changement des mentalités de la femme rurale. Avec leurs moyens personnels, elles exécutent des travaux manuels pour rendre propres les espaces publics. Elles se cotisent pour assister des femmes retenues dans des hôpitaux  pour insolvabilité, notamment dans les services de maternité. Elles apprennent également différents métiers à d’autres femmes gratuitement pour qu’elles puissent se prendre en charge de manière autonome.  

Marthe Sengiunva, 35 ans, responsable de cette structure à Goma, répond aux questions de Habari RDC.

Habari RDC : Pourquoi avez-vous  décidé de faire élire vos sœurs aux prochaines élections ?

Marthe Sengiunva : Les hommes nous ont montré leurs limites dans la gestion des conflits ici chez-nous. Mais aussi nous devons donner la chance à nos sœurs pour qu’elles plaident la cause de la femme. Prétendre faire quelque chose pour la femme sans son avis, c’est le faire contre elle. Voilà la raison qui nous pousse à nous engager pour l’élection des femmes.

Comment pensez-vous y parvenir?

Nous avons réussi à nous entraider par nos cotisations sans tendre la main aux politiciens qui souvent nous divisent.  Nous assistons nos sœurs dans les hôpitaux, nous payons leurs factures à la maternité et nous nettoyons les bâtiments publics par des travaux manuels, sans rien attendre de qui que ce soit ! C’est une première ici à Bishusha. Il est nécessaire de changer la mentalité de nos sœurs. Nous les sensibilisons sur les marchés, dans les hôpitaux, les églises et même dans certaines écoles. Nous leur montrons combien il est important de voter. Une seule voix aux élections peut changer la vie de notre communauté ! Nous initions surtout les plus jeunes : elles sont concernées car l’avenir leur appartient. Par amour pour notre pays et par le souci de renouveler notre classe politique à tous les niveaux, nous y arriverons, je suis certaine.

Vous parlez des cotisations, mais où trouvez-vous l’argent ?

Nous cultivons et nous vendons nos produits de champs. Cela suffit pour donner 4000 FC de contribution chaque mois. Parfois, nos époux nous viennent en aide, pour certaines d’entre nous.

Que répondez-vous aux femmes  qui pensent que la politique ne concerne que les hommes ?

Qu’elles se détrompent car la politique n’a pas de sexe ! Si on ne s’occupe pas de la politique, c’est la politique qui s’occupera de nous. Les élections exigent le mérite, nous devons nous battre comme les hommes pour faire élire la femme. Tutsi, Hunde, Nande, Hutu, Havu ensemble levons-nous pour notre promotion. Sans cela, les guerres nous emporteront, les milices continueront à nous violer et à bruler nos habitations, l’impunité restera éternellement. C’est pourquoi nous devons nous tenir main dans la main pour faire passer la femme, afin qu’elle plaide pour la cause de ses paires.

Que demandez-vous aux autorités ?

Aux autorités, nous demandons simplement qu’elles réunissent tous les moyens pour faire avancer le processus électoral, car nous y tenons. Mais aussi que la parité et l’équité à tous les niveaux deviennent une réalité en RDC. Les autorités doivent également respecter les accords signés avec la classe politique.

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