Beaucoup ont critiqué à tort l’organisation d’une primaire pour désigner un candidat unique de l’Union sacrée au poste de président de la Chambre basse. Au final, cette primaire a bien fonctionné, comme le veut la démocratie. Étant donné qu’il y avait trois candidats, le chef de l’État n’avait pas le choix, car tous les trois sont ses proches alliés. Seule une primaire pouvait les départager sans parti pris. Et c’est Vital Kamerhe qui a remporté ce vote.
Pour moi, cette primaire présente un double avantage. Premièrement : elle a permis aux trois candidats de constater eux-mêmes leur poids politique et leur niveau de popularité parmi leurs collègues députés membres de Union sacrée. De ce point de vue, Bahati et Mboso qui ont perdu le vote ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Après avoir géré le Parlement à la dernière législature, avec tous les scandales que l’on connait, ils auraient dû comprendre qu’ils ne méritaient plus de se représenter une nouvelle fois.
Je pense qu’il fallait absolument organiser cette primaire. C’est tout simplement la démocratie qui s’est exprimée. Car, si le président Félix Tshisekedi avait lui-même désignait d’autorité un seul des trois candidats, ça aurait créé des frustrations parmi ses alliés, certains se seraient sentis trahis, etc. Le président et sa plateforme Union sacrée risquaient même d’y laisser les plumes. Mais le vote a tranché. Et il n’y avait aucun candidat de l’UDPS.
Kamerhe reste un poids lourds dans la classe politique congolaise
Le deuxième avantage de cette primaire est que Vital Kamerhe qui a remporté ce vote en sort grandi. Il peut se targuer de devenir président de l’Assemblée nationale sans avoir bénéficié d’une faveur particulière du chef de l’État. Il a remporté la primaire. On est toujours plus fort quand on gagne une élection. Cela lui donnera une certaine indépendance, une certaine aura…
Par ailleurs, la géopolitique a bien été respectée dans ce processus de mise en place de nouvelles institutions de la République : un chef de l’État originaire du centre du pays, une Première ministre de l’Ouest et un président de l’Assemblée nationale de l’Est. Pour compléter la liste, il faudra logiquement donner la présidence du Sénat au Katanga ou au grand Équateur.
Je termine en disant qu’on a critiqué le président d’avoir organisé une primaire. Mais on a oublié de critiquer les candidats eux-mêmes qui se sont montrés très assoiffés du pouvoir. Par exemple, malgré le fait qu’ils sont ressortissants d’une même province, Bahati et Kamerhe ont refusé de se concerter en amont pour que le Sud-Kivu présente un seul candidat. S’ils l’avaient fait, peut-être que la primaire n’aurait pas eu lieu. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, Bahati en sort fragilisé, humilié même.