article comment count is: 0

Trois raisons qui plaident en faveur des élections directes des gouverneurs et des sénateurs

Sauf une énième modification du calendrier, la Céni organisera le 29 avril 2024, les élections des sénateurs et des gouverneurs en RDC.  Conformément à la Constitution, ce sont les députés provinciaux qui élisent nos gouverneurs des provinces et nos sénateurs.

Cependant, de plus en plus de voix s’élèvent contre l’organisation de ces élections au second degré. Beaucoup souhaitent désormais que les gouverneurs et les sénateurs soient élus directement par la population. L’actuelle législature n’est-elle pas une occasion pour changer le mode d’élection des gouverneurs et des sénateurs ? Voici à mon avis, les trois raisons qui plaident en faveur de cette réforme.

      1. La corruption des députés provinciaux par les candidats

Le clientélisme, l’achat des consciences et la commercialisation des voix sont devenus des pratiques normales pour être élu sénateur ou gouverneur de province en RDC. C’est le candidat le plus offrant qui réussit à se faire élire. Ecœurant !

Cette banalisation de la corruption met en péril la démocratie dans notre pays. Les candidats sont élus parce qu’ils ont fait circuler beaucoup d’argent et non parce qu’ils le méritent par leur profil ou leurs projets de société. En d’autres termes, ce sont les intérêts égoïstes qui priment dans ce type d’élections.

Le cas de 14 députés provinciaux de la Tshopo fraichement élus, mais déjà dans le collimateur de la justice pour avoir perçu des pots-de-vin de la part des candidats gouverneurs et vice-gouverneurs, est un exemple qui illustre parfaitement cette réalité.

      2. Interférence de plusieurs acteurs et faible implication du peuple

Les élections des gouverneurs et des sénateurs rendent très actifs les courtiers politiques qui résident à Kinshasa. A leurs états-majors politiques, ils proposent des candidats avec lesquels ils ont des accointances, justement pour en tirer des dividendes. Mais le comble c’est quand ils amènent en provinces des candidats dits « de la diaspora » n’ayant ni connaissance des circonscriptions dans lesquelles ils postulent, ni maitrise des enjeux socio-politiques, économiques, sécuritaires et culturels locaux.

En plus des courtiers politiques, il y a également l’influence des opérateurs économiques et de ceux que l’on appelle communément « les notables ». Leur forte implication dans le processus, en inadéquation avec l’intérêt général, détourne l’attention des grands électeurs et des candidats sur les aspirations profondes de la base.

      3. Redevabilité oubliée et montée du tribalisme

Je suis de ceux qui pensent que l’appartenance à une tribu n’est pas une garantie de bonne gestion. Les compétences, les qualités managériales et la volonté des acteurs sont déterminantes pour imprimer la bonne gouvernance. Malheureusement, les élections indirectes des gouverneurs ressemblent à une coterie ethnico-tribale.

De plus, les gouverneurs se sentent plus redevables aux députés provinciaux et se préoccupent plus à les entretenir pour ne pas être déchus par des motions de défiance. Je pense que les élections directes rendront les gouverneurs plus redevables à la population et les pousseront à mieux travailler pour développer nos provinces.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion