Au soir du 20 decembre, Habari RDC dresse le bilan de ces deux derniers jours. Après une attente angoissante et des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs villes du pays qui auraient fait une vingtaine de morts selon l’ONU, il semble que les craintes de voir le pays sombrer dans le chaos se dissipent peu à peu. Le 19 décembre, à quelques minutes de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila, le nouveau premier ministre Samy Badibanga a nommé son gouvernement. Le « Raïs » toujours aussi impassible semble indéboulonnable…
Le 19 décembre a-t-il été le jour le plus long en RDC ? Une chose est sûre, le temps semblait ne pas s’écouler comme d’ordinaire, peut-être car nous avons dû affronter la fusion de deux journées que sont le 19 décembre et le 20 décembre. Une seule certitude cependant, tout le monde s’y était préparé… Habari RDC rapporte une constante dans les grandes villes du pays : un déploiement sans précédent des forces de l’ordre dans les rues. Les témoignages de nos blogueurs répartis dans plusieurs grandes villes du pays nous font dire : « toute cette agitation pour pas grand chose ». Sans doute à cause de l’énorme répression déployée par le régime. Selon l’ONU et bien que les chiffres soient difficilement vérifiables, une vingtaine de personnes auraient été tuées dans des affrontements avec les forces de l’ordre.
Kinshasa, des échauffourées dans une ville déserte
A Kinshasa, les commerçants échaudés par les pillages inhérents aux événements passés, ont vidé par précaution leurs dépôts de marchandises. Dans les quartiers populaires de la capitale, les jeunes protestataires ont été férocement réprimés par des tirs à balles réelles ayant fait plusieurs morts. Aimé Kaziza raconte. « Le 19 décembre est une date historique pour le peuple congolais mais, tout le monde ne l’a pas appréhendée de la même manière. Mr Christian Banga, un commerçant du marché de la liberté, dans la commune de Masina, à l’est de la capitale Kinshasa explique que » les activités étaient paralysées suite à la crainte de pillages par les jeunes. Plusieurs commerçants avaient évacué leurs marchandises le vendredi dans la la nuit ». Ce matin, le boulevard Lumumba du coté Tshangu était désert, totalement abandonné. Quelques mamans vendaient leurs légumes ».
La police très présente à Mbuji-Mayi
A Mbuji-Mayi, la situation était sous contrôle du gouvernement. Pour autant la police tentait de mettre la main sur les récalcitrants. D’où un certain zèle au niveau des check-points comme en témoignent ces deux journalistes : « J’ai été brutalisé par des policiers pour avoir osé franchir une barrière. J’ai été relâché après une vive discussion », raconte Placide Sido Nshimba.
« Ce lundi 19 décembre, je montais à notre radio pour présenter les informations de 8h 45. J’ai rencontré une barrière de la police. Je leur ai dit que j’étais journaliste et que je devais travailler. Ils m’ont saisi brutalement et m’ont sommé de rentrer à la maison. J’ai opposé une forte résistance et quand leur chef est arrivé, ils m’ont libéré », ajoute Emery Kazadi.
La routine au Nord Kivu
Dans le Nord-Kivu, un seul mot permet de résumer la situation de ce 19 décembre : la routine. L’attaque d’une base de la police par un groupe Maï-Maï rapporté par le blogueur Muhindo Taghembwa et la fuite des populations de Goma vers le Rwanda par crainte de troubles comme nous l’a expliqué la blogueuse Laetitia Kasongo passent pour des événements anodins dans une province qui en a vu d’autres. Cynisme désolant.
Lubumbashi les écoles évacuées à cause des affrontements
A Lubumbashi, la contestation est restée cantonnée aux quartiers populaires du sud et de l’ouest de la ville. Les écoles ont été évacuées en fin de matinée par craintes de débordements qui n’ont finalement pas eu lieu tandis que le centre-ville est désert depuis deux jours.
Le peuple est à bout, mais que personne ne s’y méprenne, il n’a pas abdiqué ! Il attend plus que jamais un vrai leader derrière qui se ranger, un homme prêt à porter sa lutte. Les Congolais sont lassés de mourir et de servir de chair à canon alors qu’ils ne demandent que le respect de leurs droits fondamentaux.