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La politique, un monde d’hommes ? Le défi des femmes congolaises

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a récemment publié la liste provisoire des partis et regroupements politiques ayant atteint le seuil de recevabilité pour les législatives 2023. Sur les 24295 candidatures enregistrées, seules  3955 sont des femmes, soit 17% du total. Ce chiffre est très faible, surtout si on le compare à la proportion des femmes parmi les électeurs inscrits, qui est de 50,57 % en 2023. 

Malgré les efforts déployés pour promouvoir la participation politique des femmes, notamment à travers des lois, des séminaires et différentes sensibilisations, force est de constater que les obstacles culturels, sociaux et économiques subsistent.

Les causes de la sous-représentativité des femmes en politique 

A mon avis, le patriarcat entrave l’élan des femmes qui aspirent à la politique. Elles doivent souvent faire face au regard très jaloux de leurs époux, réticents à les voir s’exposer aux injures, aux calomnies et aux coups bas qui règnent dans l’arène politique congolaise. Là où les idées devraient primer, les attaques personnelles font loi. 

On peut encore se souvenir des attaques contre Jeanine Mabunda, alors présidente de l’Assemblée nationale. Dans des querelles politiciennes ayant opposé son camp, le FCC, à ce qui est devenu par la suite l’Union sacrée, elle a été injuriée, son physique attaqué et moqué, le tout avec une violence inouïe de la part de ses adversaires politiques. Un autre exemple est celui de la sénatrice Francine Muyumba. Elle aussi a subi des attaques ad hominem en raison de ses prises de positions politiques.

Préjugés, clichés…

Les femmes politiques sont aussi victimes de clichés. On attribue leur succès à des faveurs sexuelles qu’elles auraient accordées à des puissants. Ces clichés sont nourris par la réalité de nos universités et de nos écoles, où certaines étudiantes se sortent avec leurs professeurs, tandis que d’autres subissent du harcèlement. 

Récemment, une rumeur voulait que la questeure actuelle du Sénat, Carole Agito, soit victime d’un chantage à la sextape. Elle aurait été dans le lit d’un des hommes puissants de Kinshasa pour avoir le poste qu’elle occupe. La questeure a porté plainte.

Face à tout cela, peu d’hommes tolèrent que leurs femmes fassent la politique dans ce pays. Et les femmes elles-mêmes, conscientes de la brutalité de ce monde, préfèrent préserver leurs foyers, leurs mariages et leurs réputations.

Pour changer cette situation, il faut combattre le harcèlement sexuel sous toutes ses formes. Il faut sanctionner les coupables. Il faut assainir la scène politique, la débarrasser de ses prédateurs à la libido débridée. Et surtout, laisser les idées, les valeurs et les compétences prévaloir. Il faut aussi éduquer les hommes…

 

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