Les débats en ligne en RDC me laissent souvent un goût amer. Ils ne mènent presque jamais à quelque chose de concret. Au lieu d’argumenter, certains de mes interlocuteurs veulent prouver qu’ils sont les plus intelligents, ou qu’ils ont toujours raison. Dans le pire des cas, quelle que soit la force des faits, ils n’acceptent pas de s’incliner devant des évidences.
Loin de généraliser cet état de fait, le niveau intellectuel sur les forums de discussions congolais est très souvent déplorable. Les conversations tournent vite en rond, dans une spirale de jugements, de provocations et d’insultes. Ce qui me choque encore plus, c’est l’extrémisme qui y prolifère. Propos intolérants, discours haineux, tribalisme et esprit de divisions sont devenus presque les seuls contenus de ces débats en ligne.
Tolérer un point de vue différent
Je me demande pourquoi c’est si difficile aux gens d’écouter l’autre, d’accepter d’avoir tort, de tolérer un point de vue différent. Dans ces conversations en ligne, on ne peut plus argumenter sans se faire indexer pour sa tribu, son genre ou son orientation religieuse ? Les Congolais manquent-ils de repères ou d’éducation à la pensée critique ? Dans ce pays où presque tout est à refaire ou à reconstruire, s’attaquer violemment à son compatriote, est-ce un exutoire pour exprimer des années de frustrations ?
J’ai appris, avec le temps, à prendre du recul et à éviter de m’engager dans des discussions qui souvent n’apportent rien. A force de subir toutes les négativités déversées sur les réseaux sociaux, certains finissent par tomber en dépression. Sur des sujets à controverse, je vois des gens se battre, non pour des idées, mais pour défendre leur camp ou leur tribu, ignorant volontairement les faits. Ils aiment propager des contre-vérités et des discours de haine.
Ses diplômes comme arguments ?
Une fois, lors d’une conversation sur X, j’ai remis en cause l’affirmation de quelqu’un sur un sujet pour lequel, il ne disposait d’aucune preuve vérifiable. Et vous savez quoi ? J’ai eu droit à l’étalage de diplômes de mon interlocuteur, visiblement piqué au vif, essayant de compenser son absence de preuves, par la maturité de sa grammaire française et des universités et diplômés qu’il a collectionnés. Fort malheureusement, cette catégorie d’internautes abonde et constitue ce qu’Internet en RDC nous a produit de pire.
Je crois qu’on peut changer cette dynamique. Chacun, à son échelle, devrait décider d’utiliser ces plateformes pour élever le débat, inspirer et bâtir au lieu de détruire. Et cela doit commencer par nous-mêmes. Par notre manière d’interagir, de répondre. Ça ne coûte rien de respecter ceux qui pensent différemment. Après tout, ce n’est pas en criant plus fort qu’on résout les problèmes, mais en trouvant le courage d’écouter et d’agir conformément à la raison.