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Prolifération de candidats et de partis politiques : démocratie ou désordre ?

En RDC, c’est la ruée vers l’or politique. Tous les ambitieux, de plus en plus jeunes, se bousculent pour être candidats aux prochaines élections prévues en décembre 2023. Ils aspirent à tous les postes : président, député national, sénateur, député provincial… Au vu du très grand nombre de prétendants, la Céni aura certainement du mal à concevoir les bulletins de vote. Pourquoi cette frénésie électorale ? Ou plutôt pourquoi tout le monde veut faire partie de la classe politique ?

La réponse est simple : la politique est devenue peut-être le seul moyen de se faire entendre dans un pays où la démocratie est encore fragile. C’est devenu peut-être la seule voie pour s’enrichir dans un pays où la pauvreté touche quasiment toute la population. Cette dernière hypothèse est plus que plausible : un député national c’est environ 21.000 dollars par mois en RDC. La politique reste donc le raccourci vers l’enrichissement. Pour certains, plus besoin d’entreprendre, plus besoin de se débrouiller autrement.

Des partis politiques comme s’il en pleuvait !

Dans notre pays, il y a plus de partis politiques que de jours dans l’année. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur datant de 2018, la RDC comptait 600 formations politiques et près d’une centaine de regroupements politiques. Un record mondial déjà à l’époque ! 

Aujourd’hui avec l’Union sacrée, la situation a empiré en termes de création de partis politiques. Tout le monde veut en avoir un en vue des prochaines échéances électorales. 

Mais à quoi servent tous ces partis ? Quelle est leur idéologie ? Quel est leur projet de société ? En réalité, la plupart de ces partis sont des coquilles vides, sans assise populaire ni programme cohérent. Ils ne font que suivre le vent, selon les opportunités et les alliances du moment. Ils changent de nom, de logo, de slogan, de leader, comme on change de vêtements. Ils n’ont qu’un seul objectif : accéder au pouvoir, ou du moins en profiter.

Aujourd’hui, on peut créer un parti politique juste dans l’unique but de « soutenir la vision du chef de l’Etat ». Pourtant, le chef de l’Etat a déjà son propre parti qui soutient sa vision. 

Ainsi, si on prend la configuration occidentale, c’est  un peu comme d’avoir des fédéralistes qui soutiennent des unionistes, des sociaux démocrates qui soutiennent des extrémistes de droite… Aujourd’hui, des écologistes soutiennent l’exploitation du bois dans la forêt équatoriale, ou encore l’exploitation du pétrole même dans des aires protégées.

Pourquoi ne pas réduire leur nombre ? 

On devrait faire comme au Ghana où en 2022 la commission électorale en charge de la gestion des partis politiques a tout bonnement supprimé 17 d’entre eux ne répondant pas aux normes. On aurait tout à gagner en réduisant le nombre de partis politiques en verrouillant par exemple la Constitution ou en rendant drastiques les conditions d’enregistrement. 

Quid alors de la démocratie ? Avoir plusieurs partis politiques n’est pas du tout une expression de la démocratie. On se croirait plutôt dans la jungle, surtout quand chaque parti met en place sa jeunesse politique qui en réalité n’est qu’une sorte de milice. 

Les partis politiques doivent changer eux-mêmes de mentalités. Ils doivent se doter d’une vision claire et d’une éthique rigoureuse. Leurs leaders devraient se mettre au service du bien commun et non de leurs intérêts personnels. Ils doivent respecter les règles du jeu démocratique et non les bafouer. Ils doivent dialoguer avec leurs adversaires et non les combattre. Bref, ils doivent être des acteurs responsables et crédibles du développement du pays. 

 

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