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RDC : quelle alternative à la levée de l’État de siège ?

Sans être expert militaire, je propose cette réflexion à nos compatriotes. Je suis bien d’accord que l’État de siège soit levé le plus tôt possible, en raison de son inefficacité. Mais la question est : que se passera-t-il ensuite ? On est un pays en guerre. Quelle alternative si l’État de siège est levé ?

On pourrait poser plusieurs autres questions sur ce sujet. Par exemple : dans l’est de notre pays, le problème c’est l’État de siège ou c’est le Rwanda ? Car, lorsque le M23 s’est emparé de Goma en 2012, il n’y avait pas d’État de siège. Et lorsqu’aujourd’hui nous exigeons sa levée immédiate, il nous faut en même temps proposer une alternative plus forte et plus efficace que l’État de siège. Sinon, la situation risque de devenir pire qu’elle ne l’est pendant l’État de siège.

Les uns et les autres font des déclarations dans les médias, démontrant combien l’État de siège a échoué. Pourtant, ils ne proposent aucune alternative. Bien sûr que l’État de siège ne peut être éternel. Seulement voilà, j’ai peur qu’en levant cette mesure de manière précipitée, on nous fasse faire un saut dans l’inconnu.

Le problème ne serait-il pas ailleurs ?

Tous les groupes armés (Maïmaï, ADF, LRA, etc.) qui massacrent et sévissent dans l’est du pays, ont existé avant l’État de siège. Le rétablissement des autorités civiles pourrait-il à lui seul ramener la paix ? Car, avant l’État de siège, le Nord-Kivu et le l’Ituri avaient des gouverneurs civiles qui n’ont pas réussi à juguler l’insécurité. Aujourd’hui, si les autorités civiles sont rétablies, seront-elles plus efficaces que les gouverneurs militaires dans un contexte où le pays est en guerre ?

A mon avis, le problème n’est pas l’État de siège, mais plutôt les pays voisins (Rwanda, Ouganda) décidés à faire échec à l’État de siège. Nous avons de mauvais voisins. Et dans ces conditions, mieux vaut un État de siège pas assez efficace, mais qui peut encore protéger la ville de Goma, plutôt que le retour des autorités civiles qui, comme en 2012, pourraient être renversées en un rien de temps par la coalition M23-RDF, faisant tomber la ville touristique…

Et si les détracteurs de l’État de siège avaient un intérêt dans le chaos de l’Est ?

Chers compatriotes, nous ne devrions jamais oublier que les ennemis du Congo agissent à la fois de l’extérieur que de l’intérieur de notre pays. Et nous savons que dans notre appareil politique et sécuritaire, il y a des individus pour qui les conflits et la perpétuation du chaos dans l’Est font leur business. Je n’oublie jamais ces propos de Christophe Nkodia Mpuanga, ancien président de l’Assemblée nationale, lorsqu’il disait : « Vous les collègues députés du Grand-Kivu, quittez les groupes armés ! »

Je crains que certains détracteurs de l’État de siège ne soient que des individus dont les pratiques criminelles et mafieuses ont été déstabilisées par cet État de siège. Alors que le pays est en guerre, lever l’État de siège signifie mettre fin au régime militaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Et c’est bien beau. Mais toute la question reste : les civiles aux commandes feront-ils mieux sur le plan sécuritaire ?

C’est une réflexion que chacun de nous devrait approfondir. N’oublions pas qu’en plus du M23, il y a en ce moment 4 000 militaires rwandais lourdement armés qui nous combattent sur notre territoire.

 

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