La RDC parmi 55 pays du monde au bord de la famine en 2019, selon un rapport du PAM et de la FAO. L’insécurité alimentaire est notre lot quotidien. Moi-même je ne me rappelle plus en quelle décennie une famille congolaise lambda pouvait avoir toutes les provisions dans la maison. Avoir un congélateur plein à craquer. Cela fait des années ! Quand on mangeait trois fois par jour. Mais aujourd’hui, ce sont les politiciens qui mangent et se rassasient. Nous autres, on vit au jour le jour.
Le pays a tellement régressé. Même nos anciens colons belges ne reconnaissent plus le Congo : un pays où enfants et adultes meurent de faim. Ils essuient leurs larmes sans revendiquer. Pourtant, le pays dispose d’une superficie de 2,345 millions de kilomètres carrés, de vastes espaces de terres arable. Pour moi, c’est une honte que d’entendre parler de famine et de crise alimentaire en RDC.
Nous l’avons répété plusieurs fois : il n’y a pas deux solutions pour lutter contre la faim. La RDC doit investir dans l’agriculture. Une bonne partie du budget de l’Etat devrait être entièrement dédiée au travail de l’agriculture. Hélas, la vraie politique agricole fait défaut dans mon pays. L’économie est tournée vers les mines et les produits manufacturés d’importation. Or jusque-là, cette approche a échoué.
Les facteurs favorisant la famine en RDC
A mon avis, la République démocratique du Congo avance sur quatre béquilles : guerre, épidémies, crises politiques et mauvaise gouvernance. Ces quatre donnent pour résultat l’appauvrissement de la population, la cherté de la vie et enfin la famine. Les statistiques font état de 7,7 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire en RDC. Il est évident que quand il y a la guerre, l’activité économique est neutralisée. Pas moyen de travailler, d’importer ni d’exporter.
Dans les zones où sévissent des groupes armés comme à Beni par exemple, les populations ne peuvent facilement accéder à leurs terres pour cultiver ou récolter. La forêt et la savane sont assiégées par des hommes armés. Et même quand les populations réussissent à cultiver, mais au moment de la moisson ce sont les groupes armés qui viennent récolter. Ainsi privées de produits de leurs champs, les populations meurent de faim. C’est ce qui est arrivé dans le grand Kasaï à l’époque de la guerre de Kamuina Nsapu : des centaines de milliers d’enfants étaient frappés de malnutrition sévère. Pour ne citer que cet exemple.
Le Covid-19 n’a laissé aucune chance au pays
Aujourd’hui, la crise du Covid-19 est venue anéantir le peu d’espoir de redressement qu’il y avait pour le pays, la pandémie a paralysé toute l’économie. Le taux de change avoisine 2000 francs congolais pour 1 dollar, entrainant des hausses vertigineuses des prix des denrées alimentaires dans plusieurs provinces, mais aussi la perte de pouvoir d’achat chez les citoyens. Conséquences, des familles passent des journées entières sans manger ou alors ne mangent pas à leur faim. Et la situation n’est pas près de s’améliorer en raison des quarantaines, confinements et différentes restrictions des mouvements des populations. Cette situation favorise la crise alimentaire.
Le seul message que j’ai pour mon pays en cette journée mondiale contre la faim c’est : travaillons, cultivons, créons des richesses dans nos provinces, et nous bouterons la faim hors de notre pays.