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Que retenir de deux premières années du quinquennat de Félix Tshisekedi ?

Le 24 janvier, le président Félix Tshisekedi a célébré ses deux ans de mandat. Quant à moi, je pense que c’est également l’occasion de dresser le bilan de son régime à mi-parcours. Après deux ans, la réalité est que le cliché d’espoir des Congolais s’est fendu. Tshisekedi tente de reconstituer sa mouvance pour non seulement tourner la page d’une première partie de mandat minée par des guéguerres avec le FCC, mais aussi rencontrer les préoccupations du peuple. Mais jusqu’à présent, la population déplore l’enlisement de la situation.

La coalition Cach-FCC n’a pas subsisté aux prophéties de malheur. Cette alliance Tshisekedi-Kabila n’aura tenu que moins de deux ans, donnant ainsi raison aux opposants de l’époque qui dénonçaient une coalition contre nature.

Après l’épisode de l’alternance historique au pouvoir, les frictions n’ont pas tardé entre le FCC et Cach. Les deux plateformes se sont régulièrement affrontées sur le terrain, parfois dans la violence. Au lieu de travailler ensemble, elles ont passé leur temps à se tutoyer, se piéger, s’entraccuser… Une scène de ménage désagréable pour une population qui désespérait.

Inflation monétaire, insécurité urbaine, agressions étrangères, gabegie financière, la population se désole devant un gouvernement dispendieux et inefficace. Le chef de l’Etat s’est séparé de son allié pour retrouver ses vieux copains, Bemba et Katumbi, en vue de mettre en place une nouvelle gouvernance. Un peu d’espoir pour les Congolais, mais après trois mois de concertations élastiques, l’enthousiasme a fini par céder à l’exaspération.

Les réalisations de Tshisekedi

A sa prestation de serment, Tshisekedi avait suscité de grands espoirs. Le cinquième président de la RDC avait promis par exemple de replacer le pays sur la scène diplomatique, pari gagné parce que les rapports avec l’Union européenne et les USA se sont vite rétablis. Pareil pour la coopération avec les institutions de Breton Woods. Il avait également promis un État de droit avec la fin de passe-droits, de l’impunité, etc. Sur le terrain, son ami et directeur de cabinet Vital Kamerhe a été inculpé dans une affaire de malversations.

Une autre promesse était la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés. Cela a été fait et les exemples concrets sont entre autres le retour de Moïse Katumbi, la libération d’Eddy Kapend, Firmin Yangambi, Franck Djongo… Également, durant ces deux premières années du règne de Tshisekedi, le pays a vaincu deux épidémies d’Ebola, à Beni et dans l’Équateur. Mais c’est trop peu dans la balance.

Les échecs…

Sur le terrain, la gratuité de l’enseignement est devenu un fiasco parce que rien n’a été fait en amont pour compenser le prix que payaient les parents d’élèves, si bien que les tensions avec les syndicats se sont multipliées. Pendant que l’insécurité dans l’Est augmentait, d’autres coins du pays ont été attaqués par des armées des pays voisins, le cas de la Zambie qui a occupé des villages congolais dans le Haut-Katanga durant des semaines.

À mon avis, l’autre plus grand échec d’étape pour le président Tshisekedi c’est la montée en puissance de la haine tribale et des velléités sécessionnistes. Lors de son discours d’investiture, il avait promis de ne pas être le président de sa tribu, mais depuis, la réalité est autre : on a l’impression que plusieurs de ses conseillers ou des responsables qu’il a nommés sont issus du Kasaï.

Quelle perspective d’ici 2023 ?

Depuis ce 25 janvier 2021, Félix Tshisekedi est entré dans la troisième année de son quinquennat. Tout de sa gouvernance sera désormais décisif en vue de l’année 2023 où il est pressenti plus que jamais candidat à sa propre succession. Sur le plan politique, voici des dossiers qui peuvent le relancer dans l’opinion : la réforme de la Commission électorale, mais aussi la révision de la loi électorale, notamment en vue de revenir au scrutin présidentiel à deux tours.

Sur le plan social, le chemin est long. Il y a eu la construction des infrastructures d’éclat (dont les sauts-de-mouton et les logements pour les militaires), mais la gestion controversée de la crise du Covid-19 et la vie chère ont accentué les plaies de dernières années du régime de Kabila. À cela s’ajoutent les attaques contre la liberté d’expression, les violences policières, la criminalité urbaine, le phénomène ADF à Béni et l’activisme des groupes et milices armés dans le Kasaï ou encore au Katanga. J’espère que d’ici deux ans et demi, Tshisekedi peut toujours atteindre ses objectifs.

 

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