Une fois de plus, la police congolaise est accusée de commettre des bavures. Mais lorsque les gouvernants présentent des excuses, sanctionnent les policiers coupables et réparent les préjudices, cela soulage tant soit peu les victimes.
En principe, les gouvernants ne donnent pas l’ordre de brutaliser les manifestants. Néanmoins, ils sont responsables de ses brutalités car la police représente l’autorité publique. Le seul moyen pour eux d’arrêter ce mal, c’est de condamner fermement, et sanctionner les auteurs d’actes de violences.
Le maintien de l’ordre s’apprend et s’intériorise. Un officier formé le sait, ceux qui dérapent font très souvent de l’indiscipline ou de l’excès de zèle. Et même au cas où un policier recevrait de sa hiérarchie un ordre, si c’est en contradiction avec les lois, il a le droit et le devoir de désobéir à son supérieur.
Les sanctions contre les auteurs réconfortent moralement les victimes
Après les bavures policières lors de la marche de Lamuka mercredi 15 septembre, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a présenté ses excuses aux victimes, en particulier au journaliste Patient Ligodi, correspondant de RFI violenté par la police alors qu’il couvrait la marche de la coalition Lamuka. Patrick Muyaya a également annoncé que les auteurs de ces actes ignobles seraient poursuivis et sanctionnés. Quelques-uns ont d’ores et déjà été interpellés.
Sincèrement, je dois reconnaitre qu’il n’en était pas ainsi avec le régime passé. Je me souviens d’ailleurs que le porte-parole de l’ancien régime, Lambert Mende trouvait à chaque fois des raisons pour justifier les violences des agents de l’ordre. Le fait pour le gouvernement actuel de reconnaitre non seulement les fautes, mais également de les condamner sévèrement, montre que le régime actuel a la volonté d’améliorer les choses. Certes, la solution idéale demeure l’absence totale de bavures policières, mais des sanctions sévères contre des policiers indisciplinés c’est un bon début.
Les sanctions ne suffisent pas, il faut plus
La brutalité policière n’est pas un problème propre à la RDC. Pas plus tard que mardi dernier, je suivais le président Emmanuel Macron hausser le ton contre les bavures de policiers français. Il a par la même occasion, annoncé plusieurs réformes en rapport avec le recrutement et la formation des policiers français. Et dans un pays comme le nôtre, les gouvernants ne devraient pas attendre les dérapages pour sanctionner. N’est-ce pas que gouverner c’est prévoir ? Il faut revoir l’organisation, le recrutement et le système de fonctionnement de nos forces de l’ordre. Nul n’ignore que l’instruction et la moralité de nos policiers laissent à désirer. C’est bien de sanctionner, mais ce serait mieux d’éviter les dérapages en attaquant le mal à la source.
La police est une institution essentielle pour gérer l’ordre public. Malheureusement, le personnel ainsi que les moyens de contrôle de cette institution ne sont pas de qualité. Pour redorer l’image de notre police, il faut une formation continue sur l’éthique, la déontologie et le respect des droits de l’homme.
La sélection des agents de l’ordre doit être de rigueur. Que l’obtention d’un diplôme d’Etat ou son équivalent devienne un préalable avant d’intégrer la police nationale. Plus la police aura d’agents qui ont fréquenté l’école jusqu’à l’obtention d’un diplôme, moins il y aura de policiers bandits en RDC.