En RDC, dans les zones de guerre ou non, les violences sexuelles et le « sexe de survie » sont monnaie courante. Cette situation est due à la précarité et à la vulnérabilité des femmes, en raison des conflits ou d’une forte pauvreté. Les femmes déplacées de guerre en sont victimes, tout comme celles vivant dans des milieux sans guerre, mais très pauvres.
D’habitude, lorsqu’elles vivent en paix dans leurs milieux d’origine, les femmes du Kivu ou de l’Ituri par exemple, travaillent et se débrouillent dignement pour aider leurs foyers ou leurs familles. Les unes dans le petit commerce, les autres dans leurs plantations, etc. Mais avec les conflits armés, certaines ont été contraintes d’abandonner leurs habitations, leurs champs, leurs gagne-pains. Elles se retrouvent condamnées à vivre dans des familles d’accueil ou dans des camps de déplacés.
L’une de ces femmes nous a témoigné que dans les camps, tout ce dont les déplacés ont besoin doit venir de la charité : assistances par des gens de bonne volonté, aide humanitaire des ONG ou du gouvernement. Mais cette assistance n’arrive pas tous les jours. Tandis que les besoins des déplacés sont nombreux et croissants.
Une aubaine pour les prédateurs sexuels
Aux heures du soir, des prédateurs sexuels rodent souvent autour des camps. Ils couchent avec n’importe quelle femme ou fille déplacée qu’ils peuvent convaincre, moyennant un peu d’argent. Même des filles mineures se font prendre. N’ayant pas le choix, elles acceptent, avec l’objectif d’avoir de quoi acheter ce dont elles ont besoin : pain, savon, serviettes hygiéniques… Bref, c’est du sexe de survie. Mais c’est aussi le sexe de la mort, car certaines de ces femmes se font contaminer au VIH et à d’autres maladies vénériennes lorsque les rapports ne sont pas protégés.
Même scénario pour les femmes qui ne vivent pas dans des camps des déplacés, mais qui sont issues de familles ou foyers très pauvres. Elles utilisent leur sexe pour vivre. Puis beaucoup s’en sortent avec des grossesses non désirées et des maladies qui vont les pénaliser toute leur vie.
En Ituri par exemple, l’UNFPA dit avoir recensé plus de 6000 cas de violences basées sur le genre au premier semestre de l’année 2024. Les plus grandes victimes sont évidemment les femmes déplacées ayant fui les atrocités des groupes armés, en particulier dans le territoire de Djugu. Elles vivent dans des familles d’accueil, mais dans des conditions extrêmement difficiles qui poussent certaines à opter pour le sexe de survie.
Je pense qu’aucune femme congolaise ne devrait se retrouver dans une situation où elle n’a pas d’autre choix que de donner son corps en pâture aux prédateurs sexuels. Notre gouvernement devrait tout mettre en œuvre pour créer des conditions qui garantissent la dignité des femmes et des jeunes filles. C’est la pauvreté et la précarité qui sont à la base du « sexe de survie » chez de nombreuses femmes.