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Station de Mabali dans l’Equateur : l’œil du Congo au cœur de la forêt équatoriale

Il fait presque 26 degrés à l’ombre. Tout autour, des arbres dont certains atteignent une quarantaine de mètres de hauteur, forment à la fois une barrière naturelle et une forêt qui n’a pas encore subi l’assaut des hommes avides de son bois. À 128 kilomètres de Mbandaka, la réserve scientifique de Mabali (ou Bwalanga comme l’appellent les autochtones) s’étend sur 2 604 hectares sur la terre ferme et 300 hectares de couvert forestier dans des ilots au sein du lac Tumba. 

Après 3 heures de routes cahoteuses, empruntant des ponts jetés sur des paysages marécageux au milieu des tourbières, on atteint la station située au sud du lac Tumba. L’environnement rappelle certains dessins animés de Disney comme Alice au pays des merveilles. On voit des arbres qui forment des arcs, créant une pénombre permanente et un sol de couleur verte. 

Station de Mabali

Les scientifiques de la station sont installés dans un campement sept kilomètres plus loin. Au détour de l’imposant château d’eau et d’autres constructions métalliques, sept villas de style colonial y ont été érigées. Le climat tropical humide de basse altitude justifie la construction d’une station d’étude sur l’environnement en 1955 sous la supervision de l’Institut pour la recherche scientifique en Afrique centrale. 

La station de Mabali, après avoir longtemps dépendu du Centre de recherche de Lwiro au Sud-Kivu, porte aujourd’hui le nom de Centre de recherche en écologie et foresterie (CREF). Seule une des quatre stations météorologiques installées à l’époque coloniale est opérationnelle.

Des hausses de température 

Quand on parle de changement climatique, on voit l’augmentation de la température. Les données climatiques prélevées dans la zone de Mabali sur une période de trente ans montrent un refroidissement du climat pendant la journée et une hausse des températures la nuit. Une tendance qui inquiète les scientifiques que j’ai rencontrés sur place. Tout organisme tolère une température optimale. À l’image du corps humain pour lequel 40 degrés de température est un signe d’inquiétude. Un tel dérèglement est fatal pour de nombreux organismes vivants dont la disparition crée des déséquilibres. 

La tentative d’extermination des moineaux en Chine a abouti à la prolifération d’insectes nuisibles qui ont ravagé les récoltes. Nul ne sait si ce qui s’observe à Mabali concerne plusieurs régions du Congo. Mais si c’est le cas, de nombreux micro-organismes pourraient disparaitre, ouvrant la voie à des désastres écologiques récurrents comme la baisse de la fertilité du sol et de son stock carbone organique. De quoi impacter le régime des cours d’eau ou le remplissage des nappes phréatiques. 

Protéger nos forêts

La forêt équatoriale peut stocker l’équivalent de trois ans de pollution mondiale. Cependant, le déboisement consécutif à l’économie du charbon de bois et de l’exploitation forestière a libéré 10 gigatonnes de CO2  dans l’atmosphère. L’absence de prise de conscience écologique des Congolais me fait craindre le pire. 

Alors qu’on jette toujours la pierre sur les autres quand les inondations submergent nos villes, nous devrions nous attaquer aux causes de ces dérèglements et non à leurs conséquences. Il faut doter nos scientifiques de moyens qu’il faut, car, plus nous attendons et plus il sera trop tard pour inverser la tendance.

 

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