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Streetzers : les gangsters BCBG de Kinshasa

Chaussures à la mode, montres de luxe, téléphones dernier cri et un français plein d’argots, les « streetzers » font parler d’eux depuis trois ans dans le paysage kinois. Issus de grandes écoles publiques et privées de la capitale congolaise, on les retrouve généralement dans des bars et des lieux touristiques qu’ils s’approprient et en font leur territoire. 

Les bandanas (rouges pour les Bloods, blancs pour les Whites et bleus pour les Cripz) permettent de distinguer les différentes écuries. C’est dans la commune de la Gombe où cette dynamique a vu le jour, inspirée de gangs américains actifs notamment à Los Angeles. Leurs artistes préférés (Pop Smoke, Freeze Corleone ou Six Nine) sont eux-mêmes d’anciens ou d’actifs membres de gangs. 

Streetzers ou Kuluna ?

Cela prête souvent à confusion. Quand des élèves se sont affrontés près du saut-de-mouton de l’Assanef, beaucoup ont fustigé une action impliquant des Kuluna. Même s’il est vrai qu’il arrive que les Kuluna participent à ces batailles rangées, il s’agissait plutôt d’un combat entre des streetzers d’écoles rivales. Dans la commune de Ngaliema, des affrontements entre deux Streets (gangs) devant l’Institut technique de Ngaliema, avaient également connu la participation de Kuluna. 

L’autre différence se situe dans le style vestimentaire et l’expression en langue française. L’organisation d’une Street est composée d’un CDG ou chef de groupe (appelé aussi chef des garçons). Quand la Street est dirigée par une fille, c’est une CDF (chef des filles). Les membres ordinaires sont désignés sous l’appellation de « OG ». Et il existe un membre chargé de recruter les nouveaux adhérents. 

A Kinshasa, les Bloods et les Cripz constituent les groupes les plus influents. Ils sont suivis dans une certaine mesure des Whites. Mais il en existe beaucoup d’autres comme les Black Life, Black Mood et bien d’autres. Près de mon quartier, ils organisent fréquemment des House Party où ils se rencontrent pour boire, fumer et faire l’amour. Leur boisson préférée est la codéine, un mélange de diazépam et de jus de fruits qui crée des effets hallucinogènes et une décontraction des muscles. Les petites Streets (avec peu de membres) s’associent à celles plus grandes pour former des familles (Mifa). 

Hormis la violence qui résulte de leurs affrontements, les streetzers ne sont pas encore une menace à l’instar des Kuluna. Mais leur influence grandit et ils s’installent petit-à-petit dans les milieux scolaires et universitaires. Ce qui risque de se transformer en une nouvelle forme de violence urbaine, plus structurée et qui sera plus difficile à maitriser.

 

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