Depuis 2005, nous avons observé de nombreuses réformes en République démocratique du Congo visant à améliorer la transparence et la crédibilité des élections. L’introduction de nouvelles technologies telles que la biométrie et les machines à voter a été au cœur de ces efforts. Cependant, je me demande si ces innovations ont réellement répondu aux attentes.
L’introduction de la biométrie en RDC a marqué un tournant significatif dans l’identification et l’enrôlement des électeurs. Dans un pays aussi vaste, cette technologie a permis de surmonter de nombreux défis logistiques. Par exemple, lors des élections de 2006, la biométrie a été utilisée pour la première fois pour enrôler plus de 25 millions d’électeurs, réduisant ainsi les risques de fraudes liées aux inscriptions multiples.
Cependant, comme le souligne Ithiel Batumike, chercheur à l’institut Ebuteli, « l’usage de nouvelles technologies de l’information et de la communication (biométrie, logiciels, applications et machines à voter, dispositifs électroniques de vote) par la Commission électorale nationale indépendante a apporté certaines facilités opérationnelles sans résoudre l’épineuse question de la crédibilité et de la transparence des élections ».
Les défis persistants
Malgré les avancées technologiques, les principaux défis des processus électoraux en RDC restent inchangés : la confiance des acteurs concernés, l’intégrité des processus électoraux, la qualité de la participation des citoyens et le coût des élections. La biométrie, par exemple, bien qu’efficace pour l’enrôlement des électeurs, n’a pas suffi à instaurer une confiance totale dans le processus électoral.
« Parfois, ces technologies ne répondent pas nécessairement aux problèmes qu’elles sont censées résoudre », note le rapport « De la biométrie à la machine à voter » publié par l’institut congolais de recherche Ebuteli. Lors des élections de 2011, des problèmes techniques liés aux kits biométriques ont entraîné des retards et des dysfonctionnements, ce qui a alimenté la méfiance des électeurs et des partis politiques.
Le cas de la machine à voter
L’introduction de la machine à voter en 2018 a suscité de vives contestations. Les parties prenantes au processus électoral ont exprimé des préoccupations quant à la fiabilité et à la sécurité de cette technologie. Par exemple, lors des élections de 2018, plusieurs incidents ont été signalés où des machines à voter sont tombées en panne ou ont mal fonctionné, entraînant des retards et des frustrations parmi les électeurs. Cependant, le rapport montre que la méfiance envers les technologies n’est pas nécessairement négative, mais peut être non fondée dans certains cas. « Le cas du rejet de la machine à voter en 2018, mais qui a fini par fonder les constatations de résultats est éloquent quant à ce », rappelle Ithiel Batumike.
En 2023, bien que la polémique autour de cet outil ait été moindre, la nécessité d’une participation inclusive de tous les acteurs reste cruciale pour renforcer la confiance dans le processus.
Pour éviter les méfiances dues parfois au manque d’informations fiables, le rapport encourage la recherche du consensus avant l’introduction des technologies, la formation du personnel, la sensibilisation des parties prenantes et la réalisation régulière des audits indépendants.
Le rapport suggère qu’il est important de renforcer les cadres juridique et opérationnel de l’usage de la technologie lors des élections, en vue d’instaurer des garde-fous susceptibles d’améliorer l’intégrité et la transparence des prochaines élections.