L’évolution de l’Internet et de la téléphonie à Kinshasa est passée par plusieurs périodes dont j’ai été témoin. Dans les télécommunications, deux sociétés privées (Télécel et Comcell) régnaient en maitres, aux côtés de l’opérateur public ONPTZ (ancêtre de la SCPT) auquel nous étions abonnés. Une ligne qu’il ne fallait jamais composer pendant une pluie ou un orage et dont les fils, à défaut de passer par des poteaux métalliques, passaient d’un arbre à un autre.
Les familles plus fortunées étaient abonnées aux sociétés privées. Pour Télécel, il fallait disposer de 1800 dollars de caution. Mais l’argent seul ne suffisait pas. Il fallait en plus être parrainé par un autre abonné. Les appels entrants et sortants étaient taxés.
L’arrivée de nouveaux opérateurs a réduit les coûts et fait basculer les clients de l’ONPTZ dans le mobile. Pas de caution, mais il fallait débourser entre 300 et 400 dollars pour accéder au service. La carte de recharge valait 10 dollars et était valide pour un mois. Au bout de trois mois d’inactivité, l’abonné était désactivé.
Mes premiers pas sur Internet
J’ai ouvert ma première boite e-mail en 2001. Un compte Yahoo Mail, très populaire à l’époque, tout comme Hotmail et CaraMail. Une heure de connexion équivalait à 400 francs congolais en moyenne. Ce fut le début de la ruée sur les bourses d’études, les correspondances internationales, mais également l’apparition d’arnaques qui dépouillèrent de nombreuses familles. Les cybercafés étaient alors très rentables.
La pénétration d’Internet mobile a pris de l’ampleur à partir de 2010. Je payais 100 mégas à 1 $ et il me fallait 10 $ pour disposer d’un giga par mois. Pour télécharger de gros fichiers, je me rendais très tôt matin derrière l’immeuble Sozacom, le seul endroit jusqu’en 2008 avec une connexion moyenne de 256 kbps, ce qui représentait 5 heures environ pour télécharger 100 mégas.
Aujourd’hui, la fibre optique s’est déployée hors de Gombe et a atteint des endroits éloignés. L’Internet mobile est plus rapide et beaucoup plus stable qu’auparavant. Il y a certes encore beaucoup à faire. Un Internet stable et ouvert et une téléphonie performante sont des éléments essentiels à un bon climat des affaires. Ne construisez pas que des routes goudronnées. Construisez-nous également des autoroutes de l’information et de la communication.