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Transport en commun à Kinshasa : quand l’Etat est démissionnaire !

Relier deux points de Kinshasa a toujours été une vraie équation. Entre les embouteillages et les tracasseries, les chauffeurs font la loi dans un secteur que l’Etat peine à réguler.

La mobilité à Kinshasa est un vrai casse-tête. Trouver un taxi à Kinshasa est souvent un parcours du combattant. Au terme de l’article 203 point 24 de la Constitution, le transport en commun est un domaine dont la responsabilité est partagée entre le pouvoir central et les provinces.

Pour le cas de Kinshasa, c’est le ministre provincial ayant les transports dans ses attributions qui fixe le barème des prix. Seulement voilà, il s’est passé plusieurs choses depuis la publication de la dernière grille : dépréciation du franc congolais et hausse du prix de l’essence à la pompe. Conséquences : chaque chauffeur a son tarif et les « demi-terrains » sont redevenus la règle.

Récemment, alors que je quittais le rond-point Moulaert vers celui de Mandela, j’ai dû débourser 1.500 francs congolais au lieu de 500. Le lendemain, décidé de ne pas subir cette nouvelle escroquerie, j’ai averti la police routière sur cette maffia à ciel ouvert. Mais la réponse d’un agent m’a surpris : « Si tu veux payer le prix normal, attends Transco (la compagnie nationale de transports). Le privé n’est pas tenu de respecter ton prix à toi, c’est son véhicule et il facture comme il veut. »

Tous complices

J’avoue que cette réponse m’a mis dans tous mes états. Si celui qui normalement est censé nous protéger, nous et nos biens, ne sait même pas la définition de nos droits, nous sommes alors définitivement mal barrés. Dans ce business du transport, les policiers (ici communément appelés « roulages ») ne sont pas les seuls fautifs. Nous le sommes tous !

A Kinshasa, il existe ceux qu’on appelle les « agents de transport ». Leur rôle est de veiller au respect des prix et des itinéraires, maïs aussi s’assurer que seuls les véhicules autorisés assurent le transport en commun. Malheureusement, ces agents, pour la plupart des journaliers mal payés, sont devenus amis des chauffeurs qui leur sont redevables à coup de billets de banque, au détriment de l’intérêt de la population. Celle-ci est encore plus naïve, incapable de revendiquer le respect de ses droits.

Le mois passé, je me suis fait chahuté à bord d’un taxi parce que je m’opposais à payer 1.500 francs pour un trajet fixé à 500 par la ville, mais qui en pratique est payé 1.000 francs. Les 3 autres clients s’en sont pris à moi me demandant de descendre si je n’avais pas d’argent pour payer le ticket car je leur créais du retard. Pathétique !

Pourtant, un droit n’en est un véritablement que lorsqu’on le revendique. Dommage, les Kinois préfèrent subir au lieu de résister. Pendant ce temps, l’Etat, à travers la ville, regarde impuissant ce bal des transports où les chauffeurs sont devenus des maitres absolus.

 

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