article comment count is: 1

« Demi-terrain », « direct » ou « abonné » : véritables problèmes de transport en commun à Kinshasa

A Kinshasa, le prix du transport, les itinéraires et les horaires  varient selon les humeurs des chauffeurs. Un trajet de 500 FC le matin peut coûter jusqu’à 2000 FC le soir. A Kinshasa, les « demi-terrains » sont devenus un calvaire quotidien. A côté de ce cela, un autre phénomène a vu le jour : « Direct » ou « abonné. »

Il est 7 h30’ ce lundi matin ! Comme chaque jour, je me dirige vers l’arrêt de bus pour rallier mon lieu de travail. Ici, des centaines de personnes s’entassent. Les gestes-barrières sont totalement bafoués dans une ville où beaucoup croient que le Covid-19 est l’accomplissement de la « marque de la bête » prophétisée dans la Bible. Je suis presque un étranger avec mon masque bien arrangé.

A côté, trois bus sont alignés. Pourtant, peu de personnes y accourent puisque les trois chauffeurs ont convenu de ne faire que la moitié du trajet habituel au même prix. « C’est la loi de l’offre et de la demande. Soit vous montez, soit vous refusez et vous arrivez en retard au boulot », me lance un des chauffeurs alors que j’essaie de comprendre ce qu’il se passe. A Kinshasa, ça s’appelle « demi-terrain ».

Les habitants du district populaire de la Tshangu en connaissent quelque chose. Il faut débourser au moins 2.000 FC (1$) depuis le centre-ville pour se rendre dans ce district situé dans l’est de la capitale. Dans les heures normales, cela ne coûte que 500 FC. A Kinshasa, le barème de transport est fixé par arrêté du gouverneur. Le dernier arrêté date de mai 2020 et souffre d’application.

Abonnés, directs… ces codes pour payer le double

Depuis quelques temps, les agents dits de transport peinent à faire respecter les prix. Pourtant, ils semblent être complices. Cette campagne ressemble plus à une tracasserie qu’à autre chose.

Pendant ce temps, les chauffeurs et les receveurs kinois débordent d’imagination. Récemment au quartier Magasin, j’ai entendu un receveur appeler les clients pour une destination étrange : « Victoire direct ! » Moi-même en partance pour Victoire, je ne comprends pas le mot « direct » ajouté à Victoire. « Quand tu entends ‘direct’ ou ‘abonné’, cela veut dire que le prix est doublé. Tu dois payer 1000 FC pour un trajet qui coûte habituellement 500 FC », m’a expliqué un « chargeur » que j’ai abordé par la suite.

Le problème de transport en commun à Kinshasa demeure irrésolu depuis plusieurs années. Le président Tshisekedi a fait construire sept sauts-de-mouton qui se sont avérés inutiles face aux embouteillages. Les chauffeurs de leur côté se plaignent d’être obligés de payer chaque année la taxe automobile dite « vignette » alors que les routes se détériorent chaque jour davantage. A cela s’ajoute l’inexistence des routes secondaires. Et très souvent quand la loi et la responsabilité font défaut, c’est l’arbitraire qui prévaut, au grand dam des Kinois.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)

  1. Le transport étant une opération qui consiste à déplorer les personnes et leurs biens d’un point A appelé origine au point B appelé destination demeure sans doute un casse-tête dans la République Démocratique du Congo en générale et Kinshasa en particulier.

    Les déplacements à horaires fixes (domicile travail, domicile école ou université) sont les très souvent pénibles. Se déplacer aux heures de pointe ( matin : 7h 00 à 10h; soir : 16h à 19h) un parcours de combattant dans la ville de Kinshasa, car le matin 80% du trafic est orienté vers le centre ville et le Soir on tourne dans le même sens.

    À côté de cette situation s’apparente l’instabilité du prix de Transport, la segmentation des trajets et les embouteillages monstres.

    Les avancées significatives des conducteurs restent : le manque de routes secondaires, la mauvaise conduite de quelques chauffeurs, et les tracasseries policières.
    Quitte à moi, je prends le pouvoir central pour responsable étant donné qu’il a pour fonction régaliennes : l’offre des infrastructures de transports et la régulation.
    Pour sortir la ville de ce fléau, il faut mettre en exergue les éléments ci-dessous :
    L’entretient et la réhabilitation de la voirie urbaine ; la construction des routes secondaires ; le recyclage des prestataires concernés( conducteurs, receveurs et pcr); le renforcement de dispositions sécuritaires ( signalisations horizontales et verticales) ; la coexistence de modes de transports… La liste n’est pas limitative.