Malheureusement, ton passé cher Premier ministre, constitue l’actualité de la majeure partie de la population congolaise, cette même population dont tu as la charge. Il suffit de faire un petit tour dans les différentes communes de Kinshasa pour comprendre que l’émergence du Congo n’est à ce jour perceptible que dans les livres, dans un seul livre, le tien ! Une bonne fiction à lire !
Pour n’en citer qu’une : dans la commune de Makala, une commune sans route asphaltée ni urbanisation, la population est obligée d’abandonner ses véhicules dans les quartiers environnants (du moins pour les rares qui ont pu s’acheter une voiture) pour ensuite rejoindre leurs domiciles à pied. Quel livre pourrait convaincre cette population d’une quelconque émergence dans leur commune ?
Les « jamais » du livre
Lisant un extrait du livre, je découvre une succession de « jamais » qui me laisse abasourdie : « jamais la sphère économique et financière n’a aussi bien résisté aux chocs politiquesv; jamais les perspectives économiques n’ont été aussi prometteuses ; jamais le nombre des banques créées n’a augmenté aussi sensiblement ; jamais depuis l’indépendance on n’a construit ou réhabilité autant de routes, d’écoles, d’hôpitaux sur fonds publics. » C’est dire aux yeux du chef du gouvernement que le bilan est largement positif !
Pendant ce temps dans la vrai vie…
Pendant ce temps dans la vie réelle, celle qui est en dehors du livre, la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) crie au secours et peine à être repêchée. Le taux de change augmente à tel point qu’on ne sait plus le taux exact. Les prix des cartes de crédit mobiles augmentent de 1 000 à 1 200 FC d’un jour à l’autre.
Alors que le Premier ministre crie à la gloire dans un livre de 231 pages, les cordonniers, les enseignants, les mamans maraîchères, les étudiants peinent à nouer les sept jours de la semaine dans la vie réelle.