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Voyager par avion à Mbujimayi : tu me corromps, je te cède ma place

Je m’insurge contre ce nouveau phénomène qui a élu domicile dans nos aéroports, surtout sur les vols Kinshasa-Mbujimayi-Lubumbashi. C’est le plus offrant qui voyage. Lorsqu’il n’y a plus de place sur un vol, un plus fort corrompt un des responsables de la compagnie aérienne et on te débarque pour que le plus fort voyage. Parfois, moyennant de l’argent (100$, 150…), certains passagers cèdent eux-mêmes leur place à ceux qui sont dans l’urgence de voyager. Du coup pour un passager lambda comme moi, si tu n’as pas d’argent, tu n’auras que tes yeux pour pleurer.

Au moment des vols Kinshasa-Mbujimayi-Lubumbashi, certains sont surpris de ne pas embarquer alors qu’ils ont leur billet. À quelques minutes de l’embarquement on te dit : tu ne voyages pas ! Et pour te calmer, on te donne des explications fallacieuses, mais en réalité un responsable de la compagnie a troqué ta place contre un pourboire. Un des puissants de ce Congo lui a glissé 50 ou 100$ de plus pour voyager coûte que coûte. Oh mon Dieu ! Ainsi va le Congo.

Le seul moyen d’être sûr que tu vas réellement voyager c’est quand tu embarques et que l’avion décolle. Sinon, même aux pieds de l’appareil, on peut te faire attendre le prochain vol dans 48 heures.

La mésaventure d’Ali

Nous sommes le 09 août à Mbujimayi. Ali (nom d’emprunt) a reçu une invitation pour participer à une conférence sur les nouvelles technologies à l’étranger. La conférence est prévue du 17 au 19 du même mois. Il doit voyager avec ses collègues d’autres provinces. Ali a payé son billet d’avion 3 semaines avant le jour du voyage. Pourtant, quelle surprise le jour du voyage ! Il se présente à l’aéroport, la compagnie lui dit : « Désolé monsieur. On a connu un petit problème technique. Tu ne pourras voyager que dans 4 jours. » Quoi ? S’étonne Ali. « Je dois arriver aujourd’hui car demain je suis attendu à Bruxelles », explique-t-il.

Mais Ali ne changera jamais leur décision. Il a dû crier fort, passer des appels et expliquer qu’il va à l’étranger, mais personne ne l’écoutait. Le « chef » qui lui a parlé est même déjà parti de là. Pendant ce temps, l’embarquement est imminent. Le check-in tend vers la fin.

C’est alors qu’un agent de l’aéroport qui a suivi la discussion s’approche d’Ali : « Cher ami. Si tu as ton billet en bonne et due forme et qu’on te dit que tu ne peux pas voyager, c’est qu’ils ont donné ta place à quelqu’un d’autre. C’est comme ça ici ces derniers temps. » Ali n’en croit pas ses oreilles. Faire la réservation 3 semaines avant et ne pas voyager le jour j, c’est inadmissible.

« Les diamantaires, certaines autorités et autres ne font pas la réservation. Ils viennent tout simplement à l’heure du voyage, et s’il n’y a pas de place à bord, ils corrompent les chefs des compagnies aériennes et on les embarque immédiatement », confirme un autre habitué de l’aéroport. C’est ça le Congo.

Ali est inconsolable. Il passe son temps à protester mais en vain. Jusqu’à ce qu’un autre homme se présente devant lui :

  • Monsieur, je peux t’aider ?
  • Euh oui, si tu peux, répond Ali.
  • Je vois que tu es en difficulté car tu dois aller à l’étranger. Donne-moi juste 200$ je te cède ma place et j’attendrai le prochain vol. Mon voyage n’est pas très urgent.

Ali n’a pas le choix. Après discussion, il finit par lui remettre 150$. On arrange avec la compagnie. Ouf ! Le voyage d’Ali est à présent possible. Il passe en dernier au check-in et le voilà dans la salle d’attente. Puis il embarque avec les autres. L’avion décolle.

Mais si c’est condition qu’il faut voyager, je pense c’est une honte pour mon pays. Nos autorités devraient trouver une solution à ce problème : débourser entre  250 et 350 $ pour payer un billet d’avion et ne pas être sûr de voyager, c’est révoltant. Et même quand on voyage c’est au prix des sacrifices, négociations, combines, etc. Il faut que ça cesse !

 

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