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Le choléra aux portes du Kasaï-Oriental

La psychose s’est emparée des habitants de Mbujimayi à l’idée de voir le choléra revenir au Kasaï-Oriental. La maladie s’est déclarée à Ngandajika, cité située à environ deux heures de route de Mbujimayi. À Mwene Ditu, on dénombre déjà 120 cas et un décès en l’espace d’une semaine, selon John Ngoie, chef de division de la santé pour la province voisine de Lomami. De quoi affoler davantage le Kasaï-Oriental tout proche.

Pour l’instant, il y a plus de peur que de mal à Mbujimayi, mais la maladie rappelle de mauvais souvenirs à la population. Beaucoup de Mbujimayens ont perdu leurs proches lorsque l’épidémie de choléra a ravagé le Kasaï-Oriental en 2002 et 2004. « Le bilan était lourd à l’époque : 14 728 cas et 759 décès », rappelle docteur Jean-Pierre Nsumba, médecin  épidémiologiste à la division de la santé au Kasaï-Oriental.

« Que le gouvernement fasse tout ce qui est possible pour que cette épidémie n’entre jamais à Mbujimayi. Sinon nous allons mourir comme des vaches », plaide une femme qui a perdu trois de ces enfants morts du choléra en 2004. Docteur Jean-Pierre Nsumba confirme que les risques de voir l’épidémie se répandre jusqu’à Mbujimayi sont très élevés en raison de la proximité avec les zones touchées par la maladie.

Les facteurs à risque

« Le choléra est une maladie très contagieuse qui se caractérise par une diarrhée aqueuse, des vomissements et l’amaigrissement. La personne atteinte peut mourir au bout de trois à six jours », explique docteur Jean-Pierre Nsumba. La carence en eau potable récurrente dans la ville de Mbujimayi oblige les populations à consommer de l’eau impropre colportée par des revendeurs ambulants, mais aussi l’eau des marécages et des rivières dont les cours se croisent avec ceux de provinces déjà atteintes du choléra. Héritier est un changeur de monnaie, il rougit de colère et s’en prend aux autorités : « Ce qui va nous tuer à Mbujimayi ce n’est même pas le choléra, c’est la saleté. La ville est trop sale. Tous les caniveaux sont bouchés, il y a des mouches partout. Mbujimayi est la seule ville du Congo où nous buvons même l’eau de pluie. Les dirigeants le savent mais ne font rien ! »

La faible couverture en latrines dans bon nombre de parcelles habitées de la ville amène les gens à se servir des voies publiques et des caniveaux pour jeter leurs excréments. À cela s’ajoute le manque de puits à ordures et de poubelles publiques. La non-observance des règles d’hygiène surtout dans les zones d’exploitation minière ainsi que la culture kasaïenne de toucher les cadavres lors des deuils prédisposent la population à la contamination et à la propagation rapide de la maladie.

Les dispositions de lutte contre le choléra.

Dans le souci de barrer la route à la maladie au Kasaï-Oriental, le gouvernement provincial et la division de la santé, avec le concours des partenaires du secteur, sont déjà sur le qui-vive. Ils ont mis sur pied un plan de lutte qui fait priorité à la prévention et met l’accent sur la communication et la surveillance épidémiologique. Il faut renforcer les capacités du personnel médical dans la prise en charge des cas de choléra. Une campagne de sensibilisation importante des populations aux pratiques sanitaires essentielles s’avère nécessaire, notamment : se laver régulièrement les mains au savon (à défaut à la cendre) chaque fois qu’on revient des toilettes ou avant de manger ; également manger des aliments cuits et propres ; consommer de l’eau bouillie ou traitée avec du chlore ; entretenir les parcelles en prévoyant des puits à ordures et ne pas exposer les matières fécales à l’air libre.

Pour y arriver, l’implication urgente des leaders communautaires, religieux et politiques ainsi que des médias dans la sensibilisation est nécessaire pour éviter la propagation du choléra et ses conséquences déplorables comme en 2002 et 2004.

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