Jean-Fraterne Ruyange est un blogueur et poète engagé basé à Goma. Lauréat du « manuscrit francophone » en 2016, il dénonce à travers ses textes les antivaleurs de la société. Dans ce poème, il s’interroge sur la date du 19 décembre 2016 marquant la fin officielle du mandat présidentiel en RDC par un texte en « encre rouge ».
Compte à rebours
Bientôt les cloches de l’angoisse vont
Retentir au milieu du tumulte et des cris
Ma nation est sur le rail de la désolation
Et, dans l’air, ça sent la barbarie.
Alors que partout au monde on crie
« Mondialisation ! » « Vive la démocratie ! »
Mes compatriotes restent primitifs d’esprit
Et dans notre quotidien se consolide l’anarchie…
« Ça va se passer comme je le décide
Et le ciel ne tombera pas sur nos têtes ! »
La phrase est devenue classique
Et la répression, cette arme terroriste
Qui kidnappe la liberté d’expression
Et assassine celle de manifestation
A mis à genoux nos droits et devoirs citoyens
Foule notre dignité et viole notre Constitution
En les hissant sur le mât des vauriens.
Dix-neuf décembre, loin de moi la critique
Es-tu juste une date comme d’autres
Ou une date porteuse d’un virus de panique
Qui contaminera l’espoir d’une alternance politique
De toute une nation pour la réduire en cendres ?
Pourquoi annonces-tu d’horribles métamorphoses ?
Est-ce nos jours que tu veux rendre moroses
La femme veuve, laisse aux jeunes des handicaps
Ou ôter au ciel le soleil, les étoiles et leur éclat ?
Le compte à rebours est lancé, ça nous donne des frissons
La liberté de répression contre celle de manifestation
Laquelle va l’emporter sans nous rendre malheureux ?
Telle est notre impasse, notre lendemain est nuageux.
S’il est vrai qu’en cette inquiétante date
Le ciel ne va tomber sur nos têtes
La terre ne s’ouvrira-t-elle pas sous nos pieds ?
Est-ce dans un chaos total où nous allons nous précipiter ?