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24 avril 1990 : multipartisme n’est pas synonyme d’État de droit

Lorsque le 24 avril 1990 le maréchal Mobutu annonçait la fin du parti unique et l’instauration du multipartisme, beaucoup ont cru que l’Etat de droit commençait au Zaïre. Il y a eu une telle liesse populaire dans les rues, signe d’un grand ouf de soulagement. Le MPR du maréchal se faisait désormais appeler l’ex-parti unique.

Mais vite, au fil des années, les gens n’ont pas tardé à se rendre compte que le multipartisme n’est pas la démocratie, encore moins l’État de droit. Puisqu’après le 24 avril 1990, malgré le multipartisme, l’armée de Mobutu a continué à mettre les opposants en prison, à réprimer dans le sang les marches pacifiques… Nul ne peut oublier ces chrétiens catholiques tombés sous les balles du régime du Léopard du Zaïre en février 1992 au cours d’une marche pacifique pour réclamer la réouverture de la conférence nationale souveraine. Bref, le pays était encore à des millions de kilomètres de la démocratie et de l’Etat de droit. Pourtant, le multipartisme était-là.

Même scénario sous Kabila

Pendant les 18 ans de règne de Joseph Kabila, des centaines de nouveaux partis politiques ont été légalisés pour renforcer davantage le multipartisme. Mais la démocratie et l’Etat de droit n’y étaient toujours pas. Je peux encore me souvenir des massacres des manifestants les 18 et 20 septembre 2016. C’était horrible. Ils réclamaient simplement la tenue des élections dans le délai constitutionnel. Nos prisons logeaient les opposants, les activistes, certains étaient constraints à l’exil. Je peux mentionner bien d’autres exemples des martyrs de l’Etat de droit : Floribert Chebeya, Rossi Mukendi, Luc Nkulula, des journalistes assassinés, etc.

Que dire des détournements des deniers publics, règne des intouchables,  parodies de justice… ? Tout cela, alors que le régime de Kabila ne cessait de chanter liberté d’expression, démocratie et État de droit.

Sous Félix Tshisekedi

Selon toute vraisemblance, le cinquième président de la RDC semble aller dans la bonne direction, mais il a commis aussi les mêmes erreurs. De quel droit pouvait-il par exemple interdire les marches pacifiques de son rival Martin Fayulu de Lamuka le 30 juin 2019 ? Ce jour-là, un manifestant a été tué par la police à Goma. Et ce sera toujours imputé au régime de Félix Tshisekedi. Laissez les gens s’exprimer, vous n’y perdez rien. « Le peuple d’abord ! »

Par contre, l’autre facette de Félix Tshisekedi semble donner des signes encourageants : pas d’opposant en prison ou en exil, fermeture des cachots clandestins de l’ANR, poursuite en justice de présumés détourneurs des deniers publics, etc. Ce n’est peut-être pas encore la vraie démocratie ni le vrai Etat de droit, mais à mon humble avis, ça commence à y ressembler.

Raison pour laquelle je pense qu’en tant peuple, nous devons rester vigilants pour pousser les dirigeants à instaurer un véritable État de droit dans notre pays. Ce n’est que de cette manière que la journée du 24 avril pourrait avoir son vrai sens.

 

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