Patrick vient d’arriver à la morgue de la commune de Ruashi, à l’est de la ville de Lubumbashi. Enfin, il peut s’arrêter et négocier une place pour le corps d’une parente décédée tôt, au cours de la nuit finissante.
Les morgues, comme ici à Ruashi, sont bondées de morts. Ailleurs, notamment à la morgue de l’hôpital SNCC la réponse était : « il n’y a plus de place ».
Les morgues très sollicitées
Le temps de passer des coups de fils, et compléter la paperasse qui va avec le dépôt d’un corps à la morgue, il va vivre une scène qui le choque.
Une voiture s’immobilise devant lui. Il distingue deux silhouettes sur les sièges de devant. Le chauffeur descend, et le second homme, chapeau baissé jusqu’au-dessus du nez, couvert d’un manteau noir et d’une écharpe, ne bouge pas. Il porte un masque, en plus, sur son visage.
Il a une tête penchée, appuyée sur son menton d’ailleurs. Ce qui, pour Patrick, paraît anormal devant une morgue. « Mais, c’est un mort que vous transportez non ? », interroge-t-il, tour curieux.
Un mort bien assis dans un taxi
Le conducteur du taxi qui venait d’échanger quelques mots sur la disponibilité dans le frigo mortuaire, des secondes plus tôt, n’en est pas offusqué par cette curiosité. Au contraire, quelque peu rieur, il le confirme. C’est un mort.
« Il faut appeler un corbillard pour déplacer un mort vers la morgue, en cas de décès à domicile. Cela coûte 100$, et c’est de l’argent qu’on n’a pas toujours », explique-t-il.
D’où, cette « mascarade” ! Le conducteur de la voiture est cependant presqu’inconscient des conséquences d’un tel acte. Beaucoup de morts extrahospitalières sont soupçonnées d’être causées par le Covid-19, depuis juillet 2019, at Lubumbashi.
Dans l’hypothèse d’une telle cause de mortalité, le transport obligatoire par corbillard, se justifie. Et c’est cela qui explique justement cette mesure prise par la mairie de Lubumbashi. Le problème c’est que faute de suivi, les gens s’autorisent l’interdit. Après tout, l’interdit n’attire-t-il pas ?
Covid-19 et mesures d’hygiène publique
Le plus grave, c’est de constater que la voiture qui a amené ce mort est un taxi. En ce début de matinée, le trafic s’accélère, et il n’est pas évident qu’en ce mardi de fin d’août 2021, le conducteur parcoure 2km sans prendre un passager.
Pas de désinfection, pas de nettoyage de surface… le conducteur n’a rien fait. Il continue son travail. On peut comprendre comment il est si facile que les épidémies se propagent en RDC.
Pire encore, ce transporteur pense qu’il n’y a pas de danger, et que le Covid-19 ne peut atteindre.