Le 15 octobre, les habitants de Beni commémorent le deuxième anniversaire des massacres. Dans la matinée, toutes les rues sont inondées par des jeunes hommes et des femmes munis de machettes, de lances et de bâtons. Ils partent débroussailler le parc national des Virunga à Beni pour traquer les ADF, communément appelés les « Batshindja » (égorgeurs) qui se cachent depuis longtemps dans ce milieu.
A Beni, la population n’a plus confiance en son armée. C’est pourquoi elle a répondu massivement à l’appel des « jeunes patriotes » (groupe de jeunes à Beni qui accuse le pouvoir d’abandonner la population), qui jugent urgent d’assainir le parc des Virunga, un « mouroir » dans lequel les Batshindja ont élu domicile.
Les ADF démythifiés
A dix kilomètres en profondeur du parc, les jeunes de Beni ont découvert une cachette ennemie où ils ont réussi à ramasser quelques munitions et des ustensiles de cuisine abandonnés par les ADF. Cette découverte m’amène à confirmer la thèse selon laquelle les ADF, longtemps mythifiés par l’armée loyaliste, ne sont pas des monstres invisibles.
Si de simples habitants peuvent déceler leur abri, comment est-il possible qu’une armée expérimentée comme les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ne puisse démanteler cette rébellion qui ne cesse d’endeuiller la ville.
Un communiqué consternant de l’ICCN
L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), structure publique qui gère les parcs nationaux en RDC, a publié un communiqué suite à cette intrusion des jeunes patriotes dans le parc des Virunga : « Tout en compatissant avec la population de Beni qui souffre des actes ignobles de tueries, l’ICCN fustige cette attitude irresponsable qui tend à détruire un patrimoine commun».
Je trouve méprisant ce communiqué de l’ICCN qui semble plus se soucier de la faune et de la flore que des milliers de personnes lâchement abattues par les ADF. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi l’activisme des ADF se développe de plus en plus dans le parc alors que les gardes-parcs sont présents et armés !
Le bilan des morts s’alourdit
La population est à bout. Elle a défié l’armée et est allée chercher « les tueurs » dans les bois. Je trouve ce courage dangereux. Car si ces milliers de personnes se heurtaient à une embuscade, un massacre pourrait encore avoir lieu. Ainsi, je lance un appel de détresse aux autorités congolaises et à la Communauté internationale pour mettre fin à ce bain de sang.
Ô Seigneur Dieu, répond aux prières de congolais en général et à la population de Beni en particulière pour ces massacres illicites qui ne cessent de s’alourdir du jour au jour.
Nous demandons au gouvernement Congolais de se soucier de sa population que dela faune et dela flore. Car la faune et la flore sont là pour apporter le bonheur à la population et non la source de malheur.