Intégration sociale et professionnelle difficile, préjugés et rejet sont les grands obstacles auxquels les albinos font quotidiennement face à Goma. Réunis au sein de l’organisation « Compassion Albinos », ces derniers sont sortis du silence pour dénoncer les discriminations dont ils sont victimes dans le monde du travail.
Le niveau d’études des personnes atteintes d’albinisme n’intéresse quasiment personne malgré leurs capacités intellectuelles. Chômeur mais détenteur d’un diplôme de licence en gestion de l’environnement, Jean-Pierre Basolene, coordinateur de la structure Compassion albinos, évoque cette situation comme une violation grave des droits des minorités dont font partie les albinos. « Nous priver du travail et limiter nos chances en ignorant notre bagage intellectuel sur base des motifs discriminatoires est intolérable », dénonce-t-il.
Être albinos n’est pas synonyme d’incompétence
Dans nos milieux, l’albinisme est considéré comme signe d’incapacité. Pour bannir cette conception, « Compassion Albinos » s’emploie à sensibiliser la communauté. La structure tente de faire comprendre que les albinos ont les même capacités que tout le monde.
Les statistiques de « Compassion Albinos » font état de 177 albinos dont 28 adultes intellectuels enregistrés à Goma. Sur 28, un seul est régulièrement engagé au sein de la police nationale congolaise. Il travaille au poste frontalier entre le Rwanda et la RDC à Goma. Un seul employé ! La conjoncture actuelle expliquerait peut-être ce difficile accès au travail des albinos. Mais cette seule variable est loin d’expliquer la réalité vécue par les albinos. « Lorsque nous allons demander du travail, partout où nous passons nous avons en retour une simple promesse qui en réalité veut dire que c’est sans espoir. Quelques fois, c’est un employeur qui vous dit d’attendre son appel dans les prochains jours, et vous savez que l’appel n’arrivera jamais », explique Jean Pierre Basolene.
Il évoque également le cas d’un des membres de sa communauté : « Une de nos sœurs albinos, Alice, a manqué un emploi dans un centre hospitalier de Goma simplement parce qu’elle est albinos. Le centre a conclu qu’elle serait la cause de la chute de sa clientèle une fois engagée et qu’aucun malade n’accepterait d’être soigné par une albinos. »
Avec de telles conceptions, les albinos sont loin d’être acceptés dans la société. Il y a aussi les croyances mystiques erronées véhiculées sur les albinos. Ce qui explique aussi leur exclusion du monde du travail.
Les albinos, des laissés-pour-compte du gouvernement et des ONG
« Au vu des discriminations auxquelles nous faisons face, naître albinos c’est pour nous un malheur », s’indigne Jean Pierre. Et d’ajouter : « Les albinos étant classés parmi les couches vulnérables, ils n’ont jamais reçu une quelconque assistance. Les démarches auprès du gouvernement ou des ONG n’ont abouti à rien. Regardez les autres couches, en l’occurrence les enfants soldats, les enfants en rupture familiale, les démobilisés… ils bénéficient des avantages et même d’un accompagnement jusque dans les milieux professionnels. Mais quand il s’agit de nous, ils font la sourde oreille. Ces organisations s’intéressent peu aux inquiétudes et à la santé des albinos. Et pourtant, la vulnérabilité d’un albinos commence par sa peau à la naissance avant d’atteindre son cœur ruiné par ce qu’il vit au quotidien : discrimination, exclusion, fausses accusations de sorcellerie… »
Les personnes atteintes d’albinisme sont des êtres humains jouissant de tous les droits dont le droit au travail. Les discriminations liées aux préjugés sont à bannir. Seule une forte sensibilisation axée sur l’acceptation des albinos peut être un remède pour les sauver et les intégrer effectivement dans la communauté professionnelle.
Merci infiniment pour cet article.
je suis tres ravi de cette publication.nous voulons construire un monde sans discrimination.vraiment grand merci a HABARI.CD.pour cette sensibilisation.je suis secretaire de coordination a la compassion albinos.