Kasenga, ce territoire du Haut-Katanga le long de la rivière Luapula, est une terre presque perdue dans le sud de la RDC. Accéder aux informations du pays demande des acrobaties. Le droit à l’information n’y est garanti à personne dans ce territoire. Regarder la télévision est un luxe. Accéder à l’Internet est encore un rêve pour beaucoup de personnes. Ces Congolais sont plus Zambiens dans leur propre pays.
Je viens de séjourner quelques jours dans la cité de Kasenga, dans le territoire du même nom. En partant de Lubumbashi, à plus de 200 km, j’ai acheté un forfait internet pour mon séjour, mais je ne l’ai pas utilisé par manque de couverture réseau. C’est par un message du réseau mobile Airtel One Zambia que je suis accueilli à Kasenga. Ce message m’invite à réinitialiser mes paramètres pour faire mes communications. Problème, la facture est très salée, car c’est en mode roaming. Je comprends alors que je suis en Zambie, mais tout en étant sur le sol congolais.
À défaut d’Internet, j’espère quand même m’informer par la radio. Mais à ma grande surprise, une seule radio-télévision – la Radio-télévision communautaire Luapula (RTCL), implantée à quelques dizaines de mètres de la frontière zambienne – bien mal organisée règne dans ce territoire et c’est à peine si elle informe sur la RDC. C’est le seul média pour les 26 676 km² qui forment Kasenga, territoire dont la population est estimée à 478 892 habitants. Ici, la télévision publique, la RTNC, est à peine connue.
Les commerçants arrivant de Lubumbashi sont de « bons informateurs »
Pour accéder aux informations de Kinshasa, la RTCL doit reprendre en relais les programmes de la RTNC ou de Radio Okapi. Sans cela, rien de ce qui concerne la vie au pays n’est connu de ces citoyens de Kasenga. Sauf si par chance, un commerçant ramène des nouvelles de Lubumbashi. Les informations les plus consommées sont donc zambiennes, en raison de la proximité de la frontière. Pas étonnant qu’ici on ne connaisse même pas les dirigeants de la RDC.
Quant à Internet, c’est la catastrophe ! A peine quelques personnes savent que les réseaux sociaux existent. Chacun se préoccupe de sa survie. Et pire, ce territoire envoie très peu de ses enfants à l’école, ce qui rend difficile leur chance de reclamer leurs droits, à l’information par exemple.
L’Etat a l’obligation d’informer ses citoyens
Ce constat amer donne à réfléchir. La Constitution congolaise (article 24) garantit le droit de tout Congolais à l’information. Ce qui fait obligation aux pouvoirs publics d’organiser les moyens publics d’information. Pas seulement pour les citoyens habitants les villes, comme c’est le cas actuellement.
Le territoire de Kasenga, un des six que compte le Haut-Katanga, comprend 382 villages et 18 groupements. Ces difficultés d’accès à l’information sont une réalité partagée par quasiment tous les milieux ruraux de la RDC.