Les autorités de la province du Lualaba, dans l’ancien Katanga, appellent les femmes et les enfants à quitter les carrières et les mines. Cet appel lancé fin 2016 peine à mobiliser les concernés, car aucune alternative séduisante ne leur est proposée.
Les inspecteurs des mines avouent leur échec face aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes qui fréquentent les carrières minières artisanales. Le gouvernement provincial du Lualaba invite ces personnes à s’investir dans l’agriculture. Sans succès ! Pourtant, les autorités tentent de les protéger contre les maladies qui sont courantes dans les mines.
Des journées entières, ces femmes et enfants sont employés pour le lavage des minerais de cuivre et de cobalt. Ils doivent sortir des sacs de ces minerais du fond des puits au moyen d’une corde. Une véritable corvée. D’autres écrasent des pierres pour obtenir du gravier utilisé dans la construction. Ces personnes vulnérables craignent de ne pas pouvoir trouver d’autres activités pour vivre, si jamais elles quittent les carrières.
Les licenciements massifs consécutifs à la chute du cours du cuivre en 2016 ont bouleversé des familles entières à Kolwezi, capitale du Lualaba. Des femmes, comme Gisèle Kadiat, sont obligées de se battre. « Depuis que mon mari a perdu son emploi, il passe son temps à s’enivrer. Si moi je cesse ce que je fais comme travail dans les mines, je ne saurais nourrir mes cinq enfants », affirme Gisèle.
Les « enfants de samedi soir »
Kolwezi et les cités environnantes sont des agglomérations minières. C’est-à-dire, des carrefours où des expatriés et des nationaux se retrouvent à la recherche du cuivre et du cobalt. Il y a aussi des enfants qui viennent travailler parce qu’ils jouent en quelque sorte le rôle de parents. Ils alimentent leurs familles en difficulté.
Les enfants qui naissent dans les mines sont souvent abandonnés à leurs mères pourtant très pauvres. On les appelle « les enfants de samedi soir », selon l’expression consacrée à Kolwezi. Ce sont des enfants dont les pères sont partis sans laisser de traces. Des gosses parfois indésirables dans leurs familles.
Beaucoup de ces enfants vont eux aussi se débrouiller dans les mines, explique un préposé au service de genre et famille. Un service qui a déjà réinséré une vingtaine d’enfants de rue, les « shegue » comme on les appelle.
« Les femmes ne descendent plus dans les puits. Si elles le font, ce sont des cas très rares qui échappent à notre vigilance, car nous ne pouvons être partout au même moment. Mais nous avons l’instruction ferme de ne point admettre dans les mines les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants en âge d’aller à l’école. Nous les repoussons chaque fois mais ils reviennent. Et quand ils racontent tous les maux qu’ils endurent, parfois nous faisons semblant de ne pas entendre, parce qu’ils survivent avec ce qu’ils gagnent ici », explique sous anonymat un inspecteur du service des mines.
Pour éviter de travailler en cachette, Esther Kayej préfère s’investir dans le concassage de pierres en vue de vendre du gravier. Elle ne peut se lancer dans l’agriculture qui demande plus de temps et de sacrifices pour espérer une récolte. Ce travail qui la maintient dans les carrières lui permet néanmoins de payer son loyer, mais aussi de nourrir et de scolariser ses deux enfants.
Force à toutes ces personnes courageuses. Elles refusent le fatalisme et font de l’eût mieux…