Le rapport des Congolais avec la bière et la prière inquiète. Le livre « A propos de la bière et de la prière… », une satire de Christian Kunda, professeur à l’université de Lubumbashi, met en garde contre ces excès.
Dans ce livre, l’auteur dénonce les déviations congolaises liées à l’excès de consommation d’alcool et s’attaque à certaines attitudes malencontreuses dans la pratique de la prière. « Aucun pays au monde n’a réussi à se développer avec la prière seulement, pas non plus avec une population faite des ivrognes », dit Christian Kunda.
En République démocratique du Congo, et à Lubumbashi en particulier, l’obsession gagne du terrain. Deux catégories d’individus s’illustrent : ceux qui passent tout leur temps dans l’ivrognerie et ceux qui s’occupent dans la prière toute la journée. Essayer donc de se pencher sur un sujet tant tabou que polémique n’est pas chose aisée. Mais Christian Kunda l’a osé.
« On ne s’enivre jamais. C’est la bière qui vient à manquer »
Mais qu’en est-il de la bière et de la prière à Lubumbashi, pour que cet enseignant de Lettres jette le pavé dans la mare ? Il faut dire qu’à Lubumbashi, comme à Kinshasa, la société se distingue par la consommation abusive de bière et l’organisation de prières interminables. Pourtant, le pays est à l’heure où il souhaite sortir de la pauvreté ahurissante qui le couvre. Avec qui développer donc ce pays ? Des prieurs ou des ivrognes ? En priant, les uns passe leur vie à genoux, pendant que pour les autres vivre c’est boire. D’ailleurs, dans une des langues locales, les hommes se ventent : « On ne s’enivre jamais. C’est la bière qui vient à manquer. »
L’alcoolisme touche une bonne partie de la population, jeunes comme vieux. Dans les médias locaux, les enfants sont exposés à longueur de journées à des publicités qui leur apprennent que pour être forts, il faut boire de la bière. Les bars restent ouverts alors que les mines ont fermées il y a une année, depuis la chute des cours du cuivre.
Même procédé pour la prière ! Au lieu de travailler pour gagner leur vie, les Congolais préfèrent prier espérant que la manne tombera du ciel. Christian Kunda rompt le silence en osant dire qu’il faut que ces déviances s’arrêtent. C’est un appel à la société entière : aux décideurs obligés de respecter l’ordre social. Il s’agit de mettre de la discipline dans les églises et dans la consommation de la bière. Ensemble, en effet, ces deux facteurs avilissent le peuple et l’endorment comme de l’opium. Enfin, c’est aussi de la responsabilité des intellectuels, de la société civile, de lutter contre ces abus.
L’épanouissement d’un pays dépend de celui qui la dirige de maintenir la loi afin que la population puisse se soumettre.