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Accord sécurité contre minerais : un marché risqué pour la RDC ?

Un nouveau deal se profilerait à l’horizon : après celui de « minerais contre infrastructures », c’est au tour des « minerais contre sécurité ». La RDC pourrait céder une partie de ses ressources stratégiques aux États-Unis en échange d’une assistance militaire censée ramener la paix, notamment dans l’est du pays. Un accord qui, loin d’être une solution miracle, soulève de nombreuses inquiétudes.

On connaît déjà le refrain. Sous Joseph Kabila, la RDC avait signé un contrat massif avec la Chine : infrastructures contre minerais. À l’arrivée : des routes et des hôpitaux de qualité discutable ; et surtout un pays qui a perdu gros dans l’affaire. Félix Tshisekedi lui-même avait reconnu le déséquilibre de cet accord et tenté de le renégocier. Aujourd’hui, il envisage pourtant un schéma similaire, mais cette fois avec Washington.

Sécurité nationale, une mission abandonnée par l’État ?

Pourquoi la RDC devrait-elle confier sa sécurité à une puissance étrangère ? L’armée nationale, pourtant censée être le pilier de la souveraineté, est-elle définitivement incapable de défendre le territoire ? Certes, le pays fait face à des groupes armés comme le M23, mais déléguer la sécurité nationale aux Américains reviendrait à acter l’échec total des FARDC et à livrer une partie du pouvoir à Washington.

De plus, ce choix va à contre-courant de la dynamique actuelle en Afrique. Partout sur le continent, la présence militaire occidentale est rejetée. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont mis fin aux accords de défense avec la France. D’autres bases militaires occidentales sont en train de fermer au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Tchad. Pourquoi, alors que les autres s’affranchissent, la RDC ouvrirait-elle grandes les portes aux États-Unis ?

Une négociation perdue d’avance ?

Si ce deal se concrétise, la RDC arrivera affaiblie à la table des négociations. Une partie de son territoire est sous contrôle des groupes armés ; l’armée nationale est sous pression et la présence de forces étrangères (Monusco, troupes ougandaises et burundaises) ne fait qu’ajouter à sa dépendance. Dans ces conditions, peut-elle réellement imposer ses termes face aux États-Unis ?

Derrière la promesse d’une sécurité retrouvée, ce marché risque de se transformer en un nouveau piège : un pays toujours sous tutelle, des ressources bradées et une souveraineté encore plus érodée. Plutôt que d’acheter une paix incertaine à coup de minerais, la RDC doit investir dans ses propres forces et reprendre le contrôle de son destin.

 

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