Après quatre semaines d’attente à la morgue de Goma, le corps de l’artiste engagé Delcat Idengo a enfin regagné Beni, sa terre natale. Là-bas, une foule immense lui a rendu hommage, le cœur lourd et consterné, mais rempli d’admiration pour cet artiste au talent hors du commun.
Son nom restera gravé dans la mémoire de tout Congolais épris de paix et de justice. Après des hommages mérités au rond-point VGH à Butembo, le corps de Delcat Idengo est arrivé à Beni où il sera inhumé. Moi aussi, en tant que défenseur des droits de l’homme, je ne peux m’empêcher d’utiliser ma plume pour lui rendre également mes hommages.
Tué parce qu’il « dérangeait » !
Idengo tu n’étais pas seulement un artiste. Tu étais une voix dissidente, une conscience éveillée dans un pays où la vérité est souvent étouffée. Tes chansons, empreintes de courage et de révolte, dénonçaient sans détour les abus de pouvoir, les dérives de la gouvernance et les oppressions qui gangrènent notre société. Tu dérangeais, Idengo. Et c’est précisément parce que tu dérangeais que tu étais si essentiel.
Dans un contexte où la critique est perçue comme une menace, tu as osé t’élever, bravant les risques et les intimidations. À travers tes paroles, tu as exposé les failles d’un système qui préfère le silence à la remise en question. Et même lorsque l’injustice t’a enfermé, croyant pouvoir te réduire au silence, tu as transformé ta captivité en acte de résistance. Derrière les barreaux, tu as continué à chanter, à organiser des concerts, à déranger.
« Bunduki za kwetu »
Ils ont voulu te faire taire, Idengo. Ces balles, tirées alors que tu tournais le clip de ta dernière chanson, Bunduki za kwetu, n’ont pas seulement visé un homme. Elles ont cherché à étouffer une révolution portée par la musique. Et elles ont échoué. Car, bien qu’il soit une perte immense, ton assassinat est aussi un cri qui résonne plus fort que jamais.
Tu as montré que la musique peut être une arme redoutable, un outil de transformation sociale, capable de transcender la peur et de rallier les cœurs. Ton engagement, nous rappelle que la dissidence est une force, que la vérité, même dérangeante, est un devoir.
Continuer le combat de Delcat
Aujourd’hui, nous honorons ta mémoire, mais aussi celle de tous les artistes engagés qui, comme toi, osent défier l’oppression. Vous êtes les gardiens de notre conscience collective, les porteurs d’un espoir que rien ne peut éteindre.
Repose en paix, Delcat Idengo. Ton combat ne s’arrête pas ici. Nous continuerons à chanter tes chansons et à porter ton message. Ton écho, puissant et inextinguible, continuera de défier le silence.