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Les archives, ça ne vaut plus rien à Lubumbashi

À Lubumbashi, deuxième ville de la RDC, il faut bien vous armer de patience pour trouver les archives provinciales. Le service public qui s’occupe des archives est très mal entretenu ; le désordre y est criant. Presque toutes les archives sont éparpillées d’une manière telle qu’il est difficile de retrouver ne serait-ce qu’un petit document.

Situés  sur l’avenue De Chutes au quartier administratif de Lubumbashi, les deux bureaux du service des archives passent presque inaperçus, tellement ils sont mal entretenus. Chercheurs et journalistes les connaissent à peine. Nombreux pensent que  ce service n’existe même pas.

La longue marche vers les archives

Nous avons  marché depuis trois bonnes heures, arpentant les rues de l’ouest du centre-ville, à la recherche de la moindre trace du bureau des archives de Lubumbashi. Un petit détour à la station locale de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), nous a permis de nous faire  renseigner. « Allez sur l’avenue De Chutes », nous a indiqué une employée de la RTNC.

Nous sommes enfin arrivés dans un quartier où de vieilles bâtisses sont plus nombreuses que les nouvelles constructions : c’est là qu’on trouve la majorité des services publics. Là aussi, les jeunes ont peu de chance de connaître et de localiser les Archives provinciales. « Les archives sont des documents écrits présentant leurs intérêt historique », explique un vieil homme citant par cœur un texte légal.

Un homme me souffle à l’oreille qu’à une très bonne distance de ce bureau, « dans le bâtiment huppé de la mairie de Lubumbashi, il y a un service -bureau de tutelle- qui conserve aussi des archives. »

Ces archives proviennent en grande partie de l’ensemble des documents de services de la mairie, dont certains remontent à 1941. Mais ceci ne constitue en réalité que des archives secondaires, liées aux services de la ville. Il ne s’agit donc pas des archives nationales, au sens de la loi de 1978 qui crée les Archives nationales.

Les responsables des archives nationales sans bureau

Ce service public censé protéger les documents importants n’a ni bureau pour ses agents, ni de places pour les archives elles-mêmes, confiait un de ses responsables à une télévision locale. Conséquences : les services publics brûlent les archives, sans l’aval des personnes attitrées. En 2016, la Ceni a brûlé les bulletins de vote des élections de 2006 et 2011, au grand dam des archivistes et historiens.

Les quelques rares archives qui existent encore sont mal conservées et se meurent de vieillesse ou de négligence. Entre-temps, le service reçoit par moment des visiteurs, surtout des historiens. « L’accès à ses archives est payant », rappelle  Félicien Okoko, gardien des archives et chef de bureau de tutelle. « Il faut débourser 10.000 francs congolais, précise-t-il, pour consulter les archives sur place. »

Comment font-ils pour que les gens viennent leur  verser des documents ? On ne sait pas trop. Une chose est sûre : ces archives ne sont pas récentes.

Cette situation est regrettable et pénalise notre pays. On est obligé de se rendre en Belgique, payer cher donc, pour revivre par exemple le moment immortalisé de la rencontre secrète d’octobre 1960, entre « le colonel Mobutu -qui s’est rendu incognito au Katanga- et Moise Kapend Tshombe, à quelques mois de l’assassinat de Patrice Emery Lumumba », rappelle le chef des archives.

Pendant que les nations réussissent à créer des richesses grâce à la conservation des archives de leur passé, des documents écrits et des archives sonores « agonisent » en RDC. C’est triste. Il faudra que les dirigeants réalisent que les minerais seuls ne peuvent faire le salut de ce pays.

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