Après la tenue des « audiences de Kolwezi », l’équipe du Tribunal sur le Congo a posé ses valises dans la région du Katanga pour une restitution. Il s’agit de la projection d’un film documentaire traitant de la question de violations des droits des communautés locales par des multinationales œuvrant dans les mines de Kolwezi, dans le Lualaba.
La projection du film a eu lieu vendredi 17 mars 2023 dans la salle de la maison Safina à Lubumbashi. D’autres sites comme Kolwezi, Tenke ou Kabwe vont également accueillir ce film de 56 minutes, tourné in situ.
Un tribunal symbolique traitant des faits réels
Pour les participants au débat, ce « tribunal » ne devrait que continuer à exister, étant donné qu’il prouve l’envie pour la société civile congolaise d’être actrice du changement. Surtout sur des questions de violations des droits des communautés locales en matière d’exploitation de nos ressources minières. « C’est un peu comme on dit : si ton dieu est mort essaie le mien ! », s’est exclamé Mbayo, un des participants lors de la projection du film à Lubumbashi.
Il estime même que c’est le droit de chacun de soulever ce genre de débat, là où les politiques semblent ne pas agir. Et de conclure : « Au moins, ça nous permettrait d’établir les responsabilités de chacun pour un plaidoyer en faveur des victimes. »
Un débat citoyen
Même si les sujets traités fâchent, les participants sont restés élégants dans leurs propos lors des échanges, en présence de quelques officiels, dont le commissaire provincial du Haut-Katanga en charge de la territoriale. Ce qui ne les a pas empêchés par exemple de pointer du doigt la responsabilité politique dans le fait de ne pas agir suffisamment pour indemniser les victimes directes et indirectes des accidents en zones minières. On compte par exemple 80 creuseurs artisanaux morts dans un glissement de terrain, dans le site minier de KOV/KCC. Il y a aussi les 21 morts brulés par de l’acide sulfurique, à Kabwe ou à Tenke.
Le cadastre minier prime sur le cadastre foncier
Pour l’ancien cadre du parti politique UDPS, Tshivuadi Mukwa Lukusa, le problème vient de la loi elle-même qui accorde la primauté au cadastre minier. Il explique : « C’est cette loi qui fait qu’on se réveille un bon matin et on se retrouve dépossédé de ses terres et sommé de se délocaliser. Une situation qui, malheureusement, donne du poids aux multinationales qui œuvrent dans les mines et qui ont des capitaux conséquents. »
En effet, cette idée d’organiser des audiences fictives sur de vraies questions de société en faisant intervenir de vrais personnages, est née à Bukavu avec le concours de Lemafrika-Bukavu, Afrewatch-Lubumbashi, Milo Rau et la Société civile du Lualaba et du Haut-Katanga. C’est une idée également bien accueillie à Lubumbashi. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle permet de voir le Congo à travers d’autres lunettes !