L’UDPS-Tshisekedi rejette l’éventualité d’un troisième dialogue avec le régime de Joseph Kabila. Le parti de l’opposition préconise « une courte transition sans Kabila » au cas où il n’y aurait pas eu d’élections en 2017. C’est ce que confirme Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS-Tshisekedi.
Dans une interview réalisée par Habari RDC et Radio Télé Fraternité, Augustin Kabuya dénonce le manque de volonté politique du chef de l’État qui pour lui ne veut pas organiser les élections conformément à l’accord du 31 décembre. Par conséquent, il devrait y avoir « une courte transition sans Kabila ». Le porte-parole de l’UDPS est interrogé par le journaliste et blogueur Jean-Michel Kabangu.
Habari RDC : Félix Tshisekedi a parlé d’une courte transition sans Joseph Kabila. Par quelle magie cela se fera-t-il, alors que Kabila a les armes ?
Augustin Kabuya: Joseph Kabila a déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels. Vous dites qu’il a des armes, mais il n’en a pas comme en avait Kadhafi ou Saddam Hussein. Lors du dialogue de la Cenco, nous avons tous ensemble décidé d’organiser une transition d’une année pour aller aux élections. Aujourd’hui nous nous rendons compte que Kabila n’a pas la volonté d’organiser les élections. Et Corneille Nangaa, en disant que les élections sont impossibles cette année, ne fait qu’exprimer la volonté de Kabila. Ainsi, il y a un manque de volonté politique. Nous savons que Kabila ne respecte jamais ses propres paroles ; je peux vous montrer plusieurs accords qu’il a signés et qu’il n’a pas respectés. Nous ne pouvons plus travailler avec lui. Ce que Félix Tshisekedi a déclaré est conforme aux vœux de la population. Cette population ne veut plus que Kabila soit chef de l’État, car c’est lui qui est la cause du blocage actuel.
Nos frères de la majorité présidentielle n’ont aucun mot à dire devant Kabila. Lorsque nous étions avec eux aux négociations de la Cenco, nul parmi eux ne pouvait prendre la parole avant d’aller à l’écart au téléphone pour lui demander quoi dire. Et quand Kabila décide, il ne consulte pas sa majorité. Bref, le départ de Kabila aura lieu le moment venu. Il partira en paix. De même qu’il a trouvé le pays en paix, il partira en paix.
Nous ne voulons pas faire de bruit et de choses semblables. En Centrafrique, la communauté internationale avait demandé à François Bozize de se retirer du pouvoir et il s’est retiré, car c’est bien lui qui était la cause des troubles dans son pays. Nous demanderons à Kabila de partir en paix, il partira.
Vous êtes proche de Félix Tshisekedi. Quelles sont les stratégies que vous avez prises pour faire partir le président Kabila ?
Il ne faut pas induire vos lecteurs en erreur. Je suis porte-parole de l’UDPS et non porte-parole de Félix Tshisekedi. Félix est l’un des cadres de l’UDPS, il a fait voir la position de l’UDPS, et c’est dans ce cadre que je prends la parole pour répondre à vos questions en ma qualité de porte-parole de l’UDPS.
Quel message avez-vous pour la population ?
À l’UDPS, nous nous préparons aux élections. Il n’y aura pas un troisième dialogue. La population doit se faire enrôler massivement. Nous n’avons pas d’autre voie pour conquérir le pouvoir si ce n’est par les élections. Nous savons que la majorité présidentielle ne veut pas d’élections. Voilà pourquoi elle parle de référendum. La population doit se faire enrôler pour que, par les élections, nous puissions déjouer tous leurs plans. Kabila n’est plus concerné par les élections. Il a déjà fini ses deux mandats. Sa majorité n’a même pas le courage de désigner son dauphin. Et quiconque dans la majorité ose poser une telle question, ils le mettront à la porte. Mais nous, nous irons aux élections.