Les incendies sont devenus récurrents dans la ville de Bukavu. Près de 200 maisons sont parties en fumée vendredi 17 août dernier, laissant plusieurs familles sans abris. La commune d’Ibanda est la plus touchée, notamment les avenues Irambo I et Pesage II dans le quartier Nyalukemba. Heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée.
Il n’y a vraiment pas eu d’intervention à proprement parler du service anti-incendie dans la ville de Bukavu qui compte plus d’un million d’habitants. Dans cette ville, on compte plus sur les camions anti-incendie de la Monusco que sur ceux des services étatiques. Lors de cet incendie, les véhicules venus combattre le feu ont eu beaucoup de mal à atteindre les sources d’incendies. C’est ici que je dis que la responsabilité est partagée : les maisons sont construites anarchiquement, certaines ne sont accessibles que via de petits sentiers et aucune avenue digne de ce nom n’existe pour séparer les maisons.
Ces constructions anarchiques sont non seulement le fait des habitants, mais aussi de certaines autorités urbaines qui octroient des permis de construire sans se soucier de la forte densité des populations dans ces quartiers ! Des maisons sont collées les unes aux autres et sont construites en planches de bois. Pire, les planches sont enduites de reste d’huile de moteur ou de bitume, pour prolonger leur durée de vie et lutter contre les insectes rongeurs de bois. Or, ces enduis sont très inflammables.
Une cause non définie, mais de milliers de sinistrés
Habari RDC a rencontré le chef du quartier Nyalukemba, monsieur Déo Kurasa. Il explique : « Après nos enquêtes, nous avons enregistré 197 maisons parties en fumée. A cela s’ajoute la clinique et maternité privée Etoile du Congo qui a été aussi fortement endommagée par le feu. Selon les chiffres que nous avons, cet incendie aurait affecté environ 400 familles, soit entre 2500 et 3000 personnes. Ces dernières se débrouillent grâce à la solidarité des voisins et des proches qui les accueillent. Parfois les sinistrés sont éclatés entre plusieurs familles d’accueil. Mais à l’heure actuelle il n’y aurait pas de personnes décédées et aucun blessé n’a été enregistré. »
Selon des témoignages recueillis sur place, l’incendie serait parti dans une maison où un enfant de 12 ans préparait de la bouillie. Il aurait mis le feu en soulevant sa marmite avec un bout de tissu en flamme. D’autres disent que cela serait venu d’une batterie d’un panneau solaire qui aurait explosé.
Cet incendie s’ajoute aux deux autres que la ville de Bukavu a connus cette semaine dans la commune de Kadutu dans le quartier Cimpunda, ainsi qu’au marché de Kadutu.
Qu’ont fait les autorités congolaises ?
Elles n’ont rien fait, à part venir et faire des promesses d’aide aux gens via des dons qui viendraient des ONG ou des philanthropes ! Un classique des autorités congolaises. Déo Kurasa témoigne que « plusieurs autorités de la ville de Bukavu – dont le maire – sont passées sur les lieux pour s’enquérir de la situation des rescapés. Le maire a évoqué la création d’un comité de crise afin de pourvoir gérer la distribution des dons d’ONG, d’associations ou de bienfaiteurs ».
Des politiciens n’ont pas manqué de saisir l’occasion : Vital Kamerhe, originaire du Sud-Kivu, a promis tôles, riz et haricot aux personnes sinistrées. Curieusement, le Premier ministre Bruno Tshibala, en mission à Uvira avec le gouverneur du Sud-Kivu, n’a pas du tout réagi.
On dit que le maire de Bukavu a également promis aux sinistrés des tôles, des fournitures scolaires et de la nourriture. Il a également évoqué un projet de canalisation des eaux usées et des eaux de pluie pour assainir le quartier situé au fond de la vallée et qui est également victime des inondations.
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La Société civile devrait se lever pour réclamer une modification dans l’urbanisation de la ville en démontrant les risques qu’il y a à continuer de supporter les infrastructures actuelles.