Parmi les 26 candidatures à l’élection présidentielle du 20 décembre, certaines me semblent de circonstance. En dehors des poids lourds comme Tshisekedi et Katumbi, c’est la candidature de Mukwege qui m’étonne. Elle me fait craindre le risque de désacralisation du prestige censé accompagner un prix Nobel.
En 2018, nous étions tous fiers de voir l’un des nôtres, un digne fils de ce pays, partager avec l’Irakienne Nadia Murad le prix Nobel de la paix. Un prix en récompense à leurs efforts de mettre fin à l’utilisation des violences sexuelles comme armes de guerre. A mon avis, notre prix Nobel aurait mieux fait de se mettre loin des choses comme la politique et tout ce qui peut nuire à sa bonne réputation.
Mukwege candidat à la présidentielle
Personnellement, je me suis demandé pourquoi il a choisi d’entrer en politique et d’être candidat. Le fait d’être médecin et prix Nobel, ne lui suffisait-il pas ? Ce prix est l’une des meilleures distinctions que les grands hommes aient jamais reçues dans le monde. Elle comporte une belle enveloppe de près de 950 000 euros et une médaille d’or de 18 carats. Sans compter les honneurs et le prestige liés à cette distinction. Hélas, la politique a emporté le célèbre gynécologue congolais !
Le jour où il a annoncé sa candidature, « l’homme qui répare les femmes » a, à mon avis, désacralisé son précieux prix. La politique congolaise peut vous élever et vous démonétiser. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, beaucoup ne parlent plus avec respect de Denis Mukwege comme on devrait parler d’un prix Nobel de la paix. Le gynécologue est tourné en dérision. Ils disent que Mukwege s’est jeté « dans la sauce », et dans ce cas, tous les coups sont permis.
Il veut « réparer le Congo »
Pour beaucoup, notre prix Nobel semble confondre un grand pays comme la République démocratique du Congo avec un hôpital où il « répare les femmes ». Il devrait savoir que la différence entre les deux est abyssale. Et quand, il promet de mettre fin à la famine et à la pauvreté, un internaute, Mutambidi Kalongo, lui répond sèchement : « Tu mens ! Comment en un jour tu mets fin à la pauvreté des Congolais ? Magicien démagogue. Tu es éliminé. »
Bref, pour moi le professeur avait tout à gagner s’il avait fait le choix de préserver le mythe et l’honneur des nobélisés.