Couper Internet ou perturber les réseaux sociaux est devenu un des plaisirs du gouvernement congolais. À chaque fois, les autorités avancent comme raison la sécurité nationale. Comme si toute l’insécurité et la criminalité qui règnent dans le pays sont dues à l’Internet. Le paradoxe est que le gouvernement congolais ne fait rien pour assurer un bon signal Internet à la population. En plus, il se permet de le couper comme bon lui semble, sans tenir compte des conséquences sur les activités quotidiennes de cette population.
C’est devenu presque une habitude en RDC. Chaque fois qu’il y a une tension politique, les dirigeants crient tout de suite à l’atteinte à la sécurité nationale. C’est un bon prétexte pour réprimer les libertés publiques et empêcher les manifestations de l’opposition ou des mouvements citoyens. Par contre, les autorités ne parlent jamais d’atteinte à la sécurité nationale quand il s’agit des manifestations de la majorité présidentielle.
Or, si pour préserver la sécurité nationale il faut couper Internet et les réseaux sociaux, alors les Congolais n’auront jamais droit à l’Internet. Car ils vivent dans l’insécurité tous les jours. Cependant, plusieurs questions se posent : est-ce l’Internet qui cause des massacres à répétition à Beni ? La guerre d’Uvira entre les FARDC et les Maï-Maï Yakutumba a-t-elle été créée par les réseaux sociaux ? Que dire des milices Bundu dia Kongo et Kamwina Nsapu ? Sont-elles l’œuvre de Facebook ou de WhatsApp ? Foutaises !
Une mesure qui fait souffrir des innocents
Une chose est sûre, le gouvernement coupe Internet pour mettre en difficulté tous ceux de l’opposition ou des mouvements citoyens qui essaient d’appeler à la mobilisation des Congolais contre le maintien au pouvoir du président Kabila. Malheureusement, les autorités qui font cela ne mesurent pas les préjudices que la suspension d’Internet cause aux usagers des nouvelles technologies. Il y a des Congolais qui ne vivent que de l’internet : cybercafés, banques, hôtels, médias en ligne, etc. De pauvres petits emplois qui n’ont rien avoir avec la politique du pays en pâtissent.
Moi-même en tant que journaliste et blogueuse, je dénonce de telles pratiques honteuses et indignes d’un gouvernement responsable. J’en ai été victime plusieurs fois. La dernière en date, c’était récemment lors des journées villes mortes décrétées par l’opposition le 8 et le 9 août. Ce jour-là, la censure des réseaux sociaux a été annoncée sans vergogne par l’autorité de régulation de la Poste et des télécommunications. En cette fin d’année, alors que la tension risque d’être vive en raison de la non organisation des élections, je crains que les autorités ne nous privent encore d’Internet comme elles l’ont fait fin 2016. Internet est un des droits fondamentaux de chacun de mes compatriotes qui devraient être respectés.