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#CoronaBitumbaTe : je fais la toilette du bébé, pendant que ma femme est en télétravail

Le ménage, la cuisine, faire la toilette ou porter le bébé… pour l’homme congolais, ce sont des choses que seule la femme doit faire. Pendant ce temps, l’homme sort pour « chercher l’argent » ou se contente de suivre tranquillement les infos. Le confinement, qu’il soit personnel ou décrété par le gouvernement, est venu mettre à nu ces dérives de notre société.

Quelques hommes nous partagent leurs témoignages sur cette nouvelle vie « d’homme au foyer », entre confinement et participation à la vie du ménage.

Merlin, un jeune Kinois habitant la commune de Bandalungwa, est cadre dans une PME qu’il a créée avec quelques amis. Marié depuis près de 2 ans maintenant, ce chef d’entreprise réalise aujourd’hui, alors qu’il est confiné chez lui, le dur quotidien de sa femme qui est parfois obligée de concilier travail professionnel et tâches ménagères. « Elle est infirmière. Les jours où elle est de garde, elle commence par le ménage, la cuisine et la toilette du bébé à la maison, avant d’aller à son boulot. Malheureusement, je ne me suis rendu compte de tout ce qu’elle endure que maintenant ! », explique-t-il.

«  Misala ya ndaku eza pe misala »

Pour la petite histoire, discutant avec Merlin sur Messenger au sujet des notions de « masculinité toxique et positive », il me raconte qu’un jour, alors que sa femme s’entretenait au téléphone avec un patient, il a décidé de faire les couches du bébé qui pleurait énormément. « J’arrive, il faut que je change sa couche », lui crie sa femme. « Non laisse, je m’en charge », lui répond-il. Manipulant l’enfant de gauche à droite sans faire grand-chose, au bout de plusieurs minutes, Merlin réussit à lui enlever la couche. Seulement, pendant qu’il change la couche du bébé, celui-ci lui pisse dessus. Le voilà mouillé au pantalon, comme si c’était lui-même qui a pissé. C’est à ce moment-là qu’il  réalise, dit-il, que «  misala ya ndaku eza pe misala » (le ménage c’est aussi un travail).

Depuis, ils ont pris la décision de se partager les rôles dans les travaux ménagers. « Quand l’un s’occupe de l’entretien de la maison, l’autre s’occupe de la lessive, et j’avoue que ça me plait de le faire… Je ne savais pas par exemple que j’étais un si bon chef cuisinier », conclut-il.

Il suffit de peu de choses pour changer

Le fait de s’être mis à la place de sa femme, lui a permis de comprendre ce que celle-ci endure chaque jour sans broncher ni se plaindre. Cela les a aussi aidés à créer un climat d’harmonie, d’entraide et de paix dans le foyer.  Comme quoi, parfois il suffit de peu de choses pour changer positivement.

Ce qui est intriguant, c’est de voir que dans notre société nous avons toujours considéré la femme comme un être dit « faible », mais c’est aussi à elle que nous confions les tâches parfois beaucoup trop lourdes pour nous, les hommes. Dans le Kongo-Central, à Luozi chez les Nianga, un jeune étudiant me racontait que « le travail de champ est réservé aux femmes… les hommes supervisent et assurent la récolte. Cela se perpétue de génération en génération. C’est la coutume ».

Les coutumes et les lois sont faites par les hommes. Il revient donc aux hommes de les changer si elles ne répondent plus à l’évolution de la société ni à l’équilibre familial. A l’exemple de Merlin, notre génération est celle qui peut changer les choses. Il suffit que chacun prenne conscience.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Toutes les femmes ne sont pas toujours partant que son homme fasses des tâches ménagères. C’est par exemple mon cas, quand je suis à la maison, j’observe souvent ma femme se déambuler dans ses tâches ménagères. Parfois épuisée, elle ne cesse d’abattre son travail, mais quand je prend l’initiative de l’aider à certaines tâches ménagères, malgré une très bonne préstation, elle perçoit négativement mon action. Elle me répond que je connais et je suis habituée à faire mon travail seule. Le faire à ma place, c’est comme me dire que je suis incompétente.