Même s’il n’y a pas de coronavirus au Kasaï-Oriental, les services spécialisés à Mbujimayi nous renseignent que dans les conditions actuelles, la province ne serait pas en mesure de prendre en charge des cas positifs de Covid-19. Une situation alarmante donc.
C’est ce que nous a expliqué dans une interview le médecin épidémiologiste Jean-Pierre Nsumba du bureau d’information sanitaire et de communication à la division de la santé du Kasaï-Oriental. Il répond aux questions de Habari RDC.
Quelle est la situation du Covid-19 au Kasaï-Oriental ?
Docteur Jean-Pierre Nsumba : il n’y a aucun cas de Covid-19 au Kasaï-Oriental. Tous les cas qui étaient supposés se sont révélés négatifs. Nous faisons simplement la prévention et le suivi des alertes. Il y a 18 cas que nous suivons parce que venant des zones où se trouve la pandémie. Mais aucun n’a présenté des signes suspects.
La province est-elle en mesure de prendre en charge des cas positifs de Covid-19 ?
Nous avons d’énormes difficultés. Si un cas positif se présente, ce que nous avons comme moyens jusque-là ne suffit pas pour prendre convenablement en charge une personne souffrant de Covid-19. D’abord, les matériels, les respirateurs, la province n’en a presque pas. Il n’y a que quatre respirateurs pour toute la province. Et ces quatre sont répartis dans nos différents territoires. Ce qui fait que nos conditions actuelles ne nous permettent pas de prendre en charge un cas de Covid-19, surtout si c’est un cas grave et doublé de complication respiratoire.
Quels matériels avez-vous pour lutter contre le coronavirus ?
Nous avons reçu un lot de matériels, mais ce sont juste des équipements de protection individuelle : masques, blouses, gants, etc. En plus, la quantité est insuffisante. Au moment où je vous parle, nous n’avons pas les matériels de prélèvement et le milieu de transport pour envoyer les prélèvements à l’INRB à Kinshasa. Car jusqu’à présent, le pays n’a pas encore homologué les tests rapides.
Si jamais il y a des malades de Covid-19 à Mbujimayi, où pourront-ils être logés ?
Il y a un bâtiment qui est en train d’être aménagé à l’hôpital de Dipumba pour prendre en charge des cas confirmés. Malheureusement, on n’a pas d’endroits pour isoler d’éventuels malades et garder les cas suspects en quarantaine.
Est-ce que les autorités de la province vous soutiennent ?
Nous avons présenté aux autorités provinciales un plan de contingence pour la lutte contre le coronavirus. Mais ce que nous avons eu comme suite de leur part est faible. Actuellement, la communauté du Kasaï-Oriental est d’environ 5 millions d’habitants. Nous avons donc besoin d’au moins 50 millions de masques, mais on en a pas assez. Or certains masques sont à usage unique.
Est-il possible de fabriquer des masques localement ?
Oui bien sûr. Et nous encourageons ceux qui peuvent produire des masques localement à le faire, en suivant les normes. Plusieurs pays le font eux aussi. Mieux vaut quelque chose que rien. Il y a une catégorie de compatriotes qui, par rapport à leurs fonctions, doivent être toujours en masques. C’est le cas de la police, la DGM, les vendeurs au marché, etc. Et mon message c’est demander à la population de porter systématiquement les masques.