La vie carcérale en RDC n’a qu’une seule image : la misère. Nos prisons ne sont que faim et souffrance, tortures et maltraitance. À Makala, la prison centrale de Kinshasa, plus de 25 personnes sont mortes en moins d’un mois suite aux mauvaises conditions de détention. Pourquoi ne pas changer cela et faire de la prison un véritable lieu de rééducation ? Il existe plusieurs exemples de grands leaders qui ont tout appris en prison.
À Bukavu, à travers des perfusions, des prisonniers ont été réanimés pour qu’ils ne meurent pas par inanition. Les cas de maladies hydriques et d’abus sont légion dans nos prisons. Cela devrait changer.
Le séjour en prison ne doit pas être une perte de temps, mais doit permettre l’amendement et le reclassement social du détenu. Cela veut dire que celui-ci aura été transformé en prison et pourra ainsi reprendre normalement sa place parmi ses semblables en liberté pour être utile à la société.
Il y a beaucoup d’exemples de personnalités influentes qui se sont formées et transformées en prison. Malcolm X, Mandela, … Bon, si l’histoire de Mandela est connue de tous, parlons un peu de celle de Malcolm X.
De délinquant à prêcheur musulman militant des droits de l’Homme
De 1942 à 1946, Malcolm X (El-Hajj Malek El-Shabazz) est au centre de nombreux trafics de drogue, prostitution, paris clandestins… Il est par la suite arrêté pour cambriolage et port d’armes illégal. Condamné à dix ans de prison, il n’en fera que sept dans la prison d’État du Massachusetts à Charleston, dans laquelle il arrive un 27 février. C’est le tournant de sa vie.
En prison, il passe des journées et des nuits entières à lire des œuvres littéraires, philosophiques, historiques et améliore sa formation, sa culture et son éducation. Dans une de ces lettres, Malcolm affirme : « Mes années de réclusion se sont révélées être les plus enrichissantes de mes vingt-quatre années sur cette terre. Et je ressens que ‘’ce cadeau du temps’’ était un cadeau qu’Allah me fit, sa manière de me sauver de la destruction certaine vers laquelle j’avançais. »
Aussitôt sorti de prison, il devient assez vite le prêcheur du onzième temple de Nation of Islam, puis ministre et porte-parole de la « Nation de l’Islam ».
L’histoire retient de cet ex-délinquant, une des personnalités noires les plus importantes de l’époque contemporaine, notamment pour ses discours incantatoires, son engagement sans relâche au service de sa communauté et des droits de l’Homme. Il reflétait la personnalité d’un homme courageux, vertébré par de fortes convictions.
Lutte contre l’oisiveté en milieu carcéral : éducation par la lecture
L’oisiveté des détenus est l’une des chroniques malheureuses qui caractérisent les établissements pénitentiaires en RDC. En prison, pire que dehors, l’oisiveté est la mère de tous les maux. Cette oisiveté est souvent cause indirecte du désordre, d’agitation et même de mutinerie dans les établissements pénitentiaires.
La lecture peut être curative pour le détenu. En effet, l’occupation du temps et de l’esprit par la lecture permet au détenu de « s’évader » tant soit peu et de se décharger ainsi de son stress et du poids de sa culpabilité. Ce temps doit être mis à profit pour donner aux détenus l’instruction et l’information qui leur font souvent défaut. La lecture peut avoir de l’influence sur les perspectives de sa réinsertion dans la société qui devra accueillir ces hommes et femmes à l’issue de leur peine, notamment en les amenant à acquérir la capacité et la volonté de mener une vie responsable, de s’affirmer dans la société.
Punir un homme, c’est accepter que celui-ci puisse être corrigé et réinséré un jour au sein de la société dont il avait été exclu pour avoir troublé l’ordre public. Je pense que le but et la justification des peines privatives de liberté sont un échec si cette période de détention n’est pas mise à profit pour que le délinquant, une fois libéré, soit réellement transformé et ait une capacité à vivre en respectant la loi.
C’est dommage puisque les prisonniers chez nous sont pris comme sils n’ont vraiment pas des droits reconnus