Lancé à grand renfort de publicité, le projet Ya Biso, une initiative d’investissement participatif du milliardaire israélien Dan Gertler, cache derrière un bien étrange jeu de puissance. L’homme est sous sanctions américaines pour corruption dans l’acquisition de droits miniers en RDC.
Très proche de Joseph Kabila, l’homme d’affaires a fait l’objet de nombreuses critiques pour avoir acquis, grâce à sa relation privilégiée avec l’ancien président, des concessions et titres miniers à des prix bas pour les revendre plus à des groupes internationaux.
Dan Gertler converti à la bienfaisance ?
Le lobbying mené par des organisations de la société civile et les révélations des Panama Papers, le mettent sous le feu des critiques. Pour Tshisekedi qui cherche à se débarrasser de l’emprise de Kabila, les liens entre Gertler et l’ancien président inquiètent.
Privé de ses avoirs en dollars suite aux sanctions, Gertler lance alors une vaste campagne médiatique ciblant les ONG congolaises et internationales l’accusant de corruption. L’homme devient également magnanime et désire partager les fruits des recettes minières de ses entreprises avec des investisseurs congolais dans le projet Ya Biso. Un trompe-l’œil selon un expert qui craint que le réseau de l’homme d’affaires ne serve à d’ancien barons du régime de Kabila (également sous sanctions internationales pour corruption ou violation des droits de l’homme) à s’en affranchir. Mais surtout, parce que l’homme est connu pour acquérir des permis pétroliers et miniers qu’il n’exploite pas.
Rétablissement des sanctions par l’administration Biden
A la surprise générale, les sanctions contre l’homme d’affaires sont allégées par l’administration Trump sur le départ. Des révélations indiquent que Gertler est très apprécié par les services de renseignement israéliens, notamment pour son carnet d’adresses. C’est grâce à ses contacts par exemple que la reprise de la coopération entre Israël et le Tchad ou encore la libération d’un sujet norvégien condamné pour meurtre en RDC se sont réalisées.
La nouvelle administration Biden a rétabli les sanctions. Avec un Joseph Kabila qui a perdu son influence, le sort de Dan Gertler ne tiendrait plus qu’à un fil. Seul Israël, dont le chef des services de renseignement, Both Yossi Cohen, exceptionnellement venu à Kinshasa pour plaider sa cause, semble être son dernier bouclier dans la vague anti-FCC qui souffle en RDC.