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Et la démission de Tunda Ya Kasende sauva la coalition

Entre son interpellation le 27 juin et sa démission le 11 juillet, la descente aux enfers de l’ex-vice Premier ministre de la Justice est allée à une vitesse supersonique.

Célestin Tunda n’a pas tardé d’être indésirable au gouvernement. Son avis sur les lois Minaku-Sakata, transmis au Parlement sans débat préalable en conseil des ministres, avait exaspéré le président de la République. Le 27 mai, Tunda Ya Kasende est interpellé par le procureur. L’affaire débouche sur un non-lieu mais il y laisse des plumes.

« Ye mey » ou le gouvernement parallèle ?

Relâché dans la soirée, le vice-Premier ministre se précipite au siège de son parti le PPRD où militants et cadres sont réunis, sans masques ni distanciation sociale. L’homme, toujours aussi imbu de lui-même, fier de sa victoire dans cette « République des juges », lance une phrase qui surprend tout le monde : « Ye mey m’a rassuré que rien n’allait m’arriver », explique-t-il dans une vidéo devenue virale.

Cette phrase n’a rien d’énigmatique, car plusieurs ont compris que « Ye mey » c’est bien Joseph Kabila, chef de file du FCC. De quoi conforter ceux qui pensent que l’ancien président est toujours aux affaires.

Exclu du conseil des ministres

Le pas de l’anarchie est franchi. De telles déclarations venant d’un vice-Premier ministre sont de nature à entamer l’autorité du chef de l’État. Celui-ci réagit logiquement, six jours après, en conseil des ministres. « Dis à celui que tu as appelé de m’envoyer le nom de ton remplaçant », lui aurait lancé Fatshi avant de le « déconnecter ». La voie de la démission était toute tracée.

Tunda aura beau tenter de sauver sa peau, sans succès. Finalement, il abdique, servant certainement de fusible aux menaces de rupture proférées la veille par Fatshi. Tunda pouvait engager un bras de fer. Car en principe, le président ne peut révoquer un ministre sans accord du Premier ministre. Or, ce dernier a publiquement soutenu son adjoint.

Finalement, la politique l’emporte : le président a brandi la rupture, on lui a offert Tunda sur un plateau. Tout le monde gagne. Et donc pas de rupture dans l’immédiat. Plus de Tunda au gouvernement. L’autorité du président s’en sort renforcée et la coalition préservée, du moins pour le moment. C’est aussi ça la politique : un jeu de stratégie et de concessions.

 

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