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Enfin Denis Mukwege descend dans l’arène politique

Après avoir entretenu le mystère pendant plusieurs mois, l’homme qui répare les femmes a finalement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Devant une foule de sympathisants et de personnalités réunies dans la salle Fatima, à Kinshasa, le Prix Nobel Denis Mukwege a déclaré : « J’ai entendu votre appel, l’appel du peuple du Congo profond. J’ai compris que vous souhaitez que j’incarne votre espoir en des jours meilleurs. »

Cette annonce est une réponse aux sollicitations de nombreuses personnalités, mais aussi des militants de la société civile, qui ne cessaient de demander au Prix Nobel de présenter sa candidature à l’élection présidentielle. On se rappelle qu’en juin 2022, une lettre lui avait été adressée par un collectif d’intellectuels congolais l’invitant à s’engager en politique pour sauver le pays. Appel qui sera suivi d’une collecte de fonds organisée par des associations des femmes pour l’aider à payer la caution exigée pour sa candidature. Aujourd’hui, Denis Mukwege brigue la magistrature suprême.

Le candidat des Occidentaux ?

« J’accepte d’être votre candidat à la présidence de la République démocratique du Congo », a confirmé le gynécologue congolais. Denis Mukwege se lance en politique dans un contexte particulier : situation sécuritaire instable, crise économique, système judiciaire en dysfonctionnement… L’homme qui répare les femmes saura-t-il réparer la RDC ? Dans les rues de son Bukavu natal, comme sur les réseaux sociaux, la question se pose désormais et les avis sont partagés.

Quoi qu’il en soit, ses partisans y croient. Ils disent faire confiance, notamment à sa riche expérience professionnelle, ses qualités de médecin et d’enseignant d’université, ainsi que son carnet d’adresses internationales bien fourni. Des atouts qui, espèrent-ils, sont nécessaires au redressement du pays. A cela s’ajoute le fait de ne jamais avoir été impliqué dans aucun scandale de détournement de deniers publics, car n’ayant jamais été aux affaires.

Cependant, les détracteurs de Denis Mukwege se servent de ce dernier « atout » pour lui reprocher son manque d’expérience politique. « La gestion d’un Etat est différente de celle d’un hôpital », lui disent-ils. Autre argument de ses détracteurs : sa proximité avec les Occidentaux. Un jeune de Bukavu disait : « Je lui reconnais des qualités, mais il est trop proche des colonisateurs. » Accusation rejetée par les proches du Prix Nobel.

Mukwege candidat unique de l’opposition

Portée jusque-là par des intellectuels et des personnalités de la société civile, la candidature de Mukwege ne suscite pas encore une forte adhésion populaire. Le fait d’avoir longtemps entretenu le suspens n’a pas favorisé l’engouement autour de cette candidature, si bien que certains alliés potentiels ont préféré aller voir ailleurs.

Il y a aussi le fait que Vital Kamerhe et Bahati Lukwebo, deux ténors de la politique congolaise originaires du Sud-Kivu, ont porté leur dévolu sur le président sortant. Ce choix met à mal la candidature de Denis Mukwege dans cette province. La tendance pourra peut-être s’inverser si le gynécologue réussit à fédérer autour de lui les poids lourds de l’opposition. Pour cela, parviendra-t-il à convaincre Moïse Katumbi, Matata Ponyo ou Martin Fayulu ?

Très critique envers les différents pouvoirs qui se sont succédé en RDC, celui qui se présente comme un candidat de la rupture n’a pas encore dévoilé son programme. Au-delà des critiques, Mukwege doit désormais proposer des solutions au problème du Congo, ce malade qu’il veut soigner. Fort de sa crédibilité et de son aura internationale, un programme réaliste et ambitieux lui permettra de rallier encore plus de monde à sa cause.

Quoi qu’il en soit, cette candidature de dernière minute rebat les cartes politiques et pousse les uns et les autres à revoir leurs calculs.

 

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