Dialogue ou monologue ?

« Dialogue inclusif ». Ces mots sont sur toutes les lèvres de ceux qui veulent un dialogue. Cependant, je remarque qu’il est plutôt semblable à un monologue inclusif.  

Pour moi, il s’agit d’un monologue. Et oui, un monologue ! Ca vous surprend ? Observez comme moi de plus prêt ceux qui y participent. Ils ont, pour certains à un moment de leur carrière politique,  pris part à la table du roi. Dans la liste, nous retrouvons le co-modérateur de l’opposition au dialogue, Vital Kamerhe, l’homme qui a écrit le livre « Pourquoi j’ai choisi Kabila ». Certes, aujourd’hui il se dit opposant politique. Cependant, il n’en est pas moins celui qui a battu campagne pour le président Kabila il y a quelques années, lui l’ancien secrétaire général du parti cher au chef de l’État. Il connaît donc bien le langage de la majorité, à défaut de maîtriser celui de l’opposition qu’il vient de rejoindre récemment.

Le second,  François Mwamba, l’homme qui revient dans le camp de l’opposition. Après avoir passé quelques temps dans le voisinages de la majorité au poste de directeur du Mécanisme national de suivi depuis 2013, il a démissionné il y deux mois. L’ancien allié de Jean-Pierre Bemba se représente, sans gêne, sous la casquette de l’opposition. Cela ressemble plus à des retrouvailles amicales entre d’anciens copains aux camps politiques interchangeables.

Les oubliés 

En face, la majorité au pouvoir ne discute pas avec les grandes têtes d’affiche de l’opposition. Comment imaginer un dialogue qui se veut inclusif au Congo sans l’opposant historique, l’homme à la casquette légendaire, celui qui se fait appeler Le Sphinx à cause de sa longue carrière politique,  Tshisekedi Wa Mulumba.  Il y a peu, c’est lui qui était le porte-étendard de l’opposition au dialogue. Aujourd’hui, il se contente d’appeler à des actions de villes mortes sans effet. Un dialogue inclusif suppose l’écoute de toutes les voix. Celles de la jeunesse, des femmes, de la société civile et des religieux ! Mais surtout, celles de l’opposition politique. La vraie opposition. Dans cette liste de l’opposition radicale, nous retrouvons un nouveau-né : Moise Katumbi. Pourquoi le pouvoir en place est prêt à libérer les membres de la Lucha et de Filimbi mais pas abandonner les poursuites judiciaires contre Moise Katumbi, afin qu’il soit, lui aussi présent lors du dialogue censé être inclusif. Pourtant, ce sont de pareils gestes qui démontreraient la volonté de tenir un vrai dialogue.

C’est de la diversité des opinions que sortent les compromis, dit-on. Si les plus radicaux des opposants ne sont pas entendus, il y a bel et bien lieu de dire que ce dialogue inclusif est plutôt un « monologue inclusif ». Un monologue au cours duquel on accepte d’écouter les voix des autres à condition qu’ils soient du même avis que nous. Pire. A défaut d’un vrai dialogue inclusif, on risque de tomber dans un dialogue de sourds où personne n’entend personne. Un retour à la case départ après deux semaines de palabres. Bon dialogue à vous chers « monologueurs ».