En RDC, musiciens et politiciens sont devenus très proches lors de la campagne électorale de 2011. Afin de les punir, la diaspora installée en Europe a décidé de les boycotter. En plus de freiner le développement culturel du pays, ces actions n’ont pas permis la rupture tant souhaitée.
Fin 2011, la République démocratique du Congo s’est lancée dans une deuxième expérience électorale, après les premières élections démocratiques tenues en 2006 depuis que le plus grand pays d’Afrique subsaharienne a accédé à l’indépendance en 1960. Cette bataille électorale a beaucoup mobilisé dans les états-majors des partis politiques pour la conquête de l’électorat.
Dans le camp de la majorité présidentielle (plateforme soutenant l’actuel président Joseph Kabila), il a été convenu de miser sur les leaders culturels. C’est ainsi que le choix s’est notamment porté sur les artistes musiciens pour médiatiser le projet de société de Joseph Kabila. Une importante cagnotte a été mise en jeu. Les pointures de la musique congolaise ont défilé dans les studios de Kinshasa pour appeler les Congolais à accorder à Joseph Kabila un second mandat en vue de la poursuite de la réforme amorcée.
Embargo collectif
Stratégie réussie. Joseph Kabila est réélu à la tête de la RDC. Naît alors un bras de fer opposant les artistes musiciens de la RDC aux membres révoltés de la diaspora congolaise, les Combattants. Constitués en groupes de revendications et surtout opposés au régime de Kabila, ces Congolais vivant à l’étranger et plus particulièrement en Europe [seul eldorado de la musique congolaise, le pays n’ayant jamais mis en place une véritable industrie musicale], ont lancé un embargo contre toute production scénique venant de Kinshasa. N’étaient pas seulement concernés par cette mesure punitive les artistes ayant contribué à la campagne électorale de Joseph Kabila, mais aussi tout artiste musicien congolais vivant en République démocratique du Congo. Tout artiste qui a osé dépasser cette interdiction a vu le déroulement de son concert perturbé par les membres de cette plateforme, qui ont envahi tous les pays occidentaux.
Ces Combattants, plus connus pour des attaques menées en Occident sur des personnalités au pouvoir, ont tourné leurs canons contre les artistes musiciens. Les concerts étaient l’une des principales ressources financières pour de nombreux artistes congolais évoluant dans la centaine d’orchestres de Kinshasa. Cette interdiction est venue couper la chaîne lucrative de ces groupes et artistes. Au lieu de couper le cordon ombilical liant la classe politique à la famille musicale congolaise, cette interdiction est venue sceller ce mariage.
Les artistes musiciens ont continué à voir leurs talents achetés par les politiciens. Dans leurs albums, les musiciens congolais ne proposent plus du contenu éducatif aux masses, mais se consacrent à chanter la gloire des dignitaires du pouvoir en contre partie de billets de banque. Avec la concurrence notamment portée par la montée d’une politique de promotion musico-culturelle en Tanzanie, au Nigeria, en Afrique du Sud ou en Côte d’Ivoire, la musique congolaise perd petit à petit sa place de référence sur le continent, voire sur la planète. Plusieurs groupes musicaux ont connu des départs intempestifs de leurs membres. Croyant pouvoir prospérer en tant que leaders de nouveaux orchestres, des jeunes pas encore mâtures en politique musicale, voient leur avenir devenir incertain par manque de soutien et sont ainsi prêts à dédier tout un album de plus de dix titres à un mécène occasionnel, peu importent leurs actions dans la société.
Un patrimoine culturel en péril
La diaspora congolaise doit se ressaisir en arrêtant cette censure imposée par les Combattants à tous les musiciens en provenance de Kinshasa (même ceux n’ayant pas chanté pour Kabila en 2011). Au lieu d’apporter une solution concrète, cet embargo étouffe la culture congolaise, et surtout sa musique. Souvent en mauvaise position dans les différents classements d’Afrique et du monde, la RDC reste une référence en terme de richesse musicale. Si l’embargo mis en place par les Combattants n’est pas levé, le pays perdra un des éléments des plus importants de son identité. La musique sinon figurera bientôt sur la liste des éléments en péril, comme le sont déjà les gorilles de montagnes de lest du pays.
Point de correction: l’embargo fut imposé en 2006. Le déclin de musique congolaise réflète plûtôt la déchéance de la société congolaise en général. Il y va de la politique au rabais, du système éducatif spolié et négligé, de l’économie contrôlée par une élite corrompue, etc. Un musicien doit vivre de ses oeuvres et non de concerts. Etre grand en musique implique aussi un investissement conséquent dans les infrastructures du secteur. L’embargo des combattants devrait en l’occurence être interprété comme un début de la renaissance de la conscience collective. Juste pour votre information, cet embargo frappe aussi les pasteurs et les politiciens congolais.
La diaspora a raison, je préfère voir cette richesse musicale mourir que soutenir des chanteurs du ventre incapable de dénoncer le génocide Kongolais.
Mes Bien l’evolutions sa progresse toujours mal ici à kisangani????