Dans un pays où le gouvernement ne donne pas d’emplois aux jeunes, certains ont l’intelligence de puiser dans leur talent pour vivre. Et les talents en RDC, il y en a à foison et dans tous les domaines. A propos de l’humour, une nouvelle génération s’est imposée. Elle est constituée de jeunes tels que Herman Amisi, Jérémy Shabani, Décor et les autres. Parmi eux, on peut compter aussi Tatu Séraphin.
Il y a deux ou trois ans, le jeune Tatu Séraphin était un parfait inconnu. Aujourd’hui, nul ne peut être branché sur les réseaux sociaux congolais et ne pas avoir vu ou entendu parler de Tatu Séraphin. Le jeune homme fait rire ses fans par un humour à l’accent luba qui déforme le lingala et le français, mais aussi par son talent de chanteur. La plupart de ses vidéos se terminent par deux mots devenus célèbres : « Tika Bantu ! »
L’homme aux « idées éparpillées »
Pendant la campagne pour les élections des gouverneurs des provinces en avril 2024, l’humoriste s’est fait remarquer en reprenant pour son compte les propos d’un candidat gouverneur de la ville de Kinshasa. Notamment le candidat Kevin Bolamba qui, interrogé par les journalistes, était incapable de donner son projet de société par cœur. Il préférait lire ses notes en direct, disant qu’il avait « beaucoup d’idées mais un peu éparpillées ». A son tour, Séraphin est allé draguer une fille dans la rue sans savoir quoi lui dire. Pour la convaincre, il commençait à lire dans ses cahiers et livres affirmant qu’il avait « beaucoup d’idées mais un peu éparpillées ».
Tatu Séraphin a risqué de gâcher son talent en essayant de plaire aux politiciens : plusieurs fois, il a chanté et dansé pour le chef de l’État et la première dame, mais cela ne lui a rien rapporté, du moins à ce que l’on sache. Jusqu’à ce qu’il a compris qu’il pouvait avancer seul et compter sur lui-même. Un vrai talent attirera toujours, non seulement le public, mais aussi les sponsors. Herman Amisi est un bel exemple.
Vivre de l’humour
Aujourd’hui, l’humour de Tatu attire des sponsors qui profitent de son audience croissante sur les réseaux sociaux pour faire passer leurs messages et leurs publicités. Cela permet au jeune homme de gagner en popularité et en moyens de vivre. Ses publicités sur le concert du pasteur Moïse Mbiye (stade des Martyrs, 19 mai 2024) ont littéralement boosté sa jeune carrière de comédien. Si bien qu’à ce jour, Tatu Séraphin est l’un des rares humoristes à être véhiculé dès son très jeune âge. Il gagne ainsi sa vie par la sueur de son front.