Le problème de ce pays c’est l’inconscience et la mauvaise gouvernance. Nous avons des ressources dont nos dirigeants ne savent quoi faire. Rien que la culture peut être une énorme source de revenus. Par la culture, j’entends la rumba congolaise, l’humour, la littérature, les traditions, les sites culturels… Nos artistes et notre gouvernement sont tellement inconscients qu’ils ne savent même pas ce qu’ils peuvent tirer de la culture congolaise.
Si on prend l’exemple de la musique, la RDC est l’un des pays en première ligne dans ce domaine. Mais quelle est la politique du gouvernement en matière de musique ? Rien ! Que font nos musiciens pour relever ce secteur ? Rien ! Ils n’ont même pas d’inspiration, à part chanter et danser ! Par contre, en Côte d’Ivoire par exemple c’est un musicien (Traoré Salif A’salfo) du groupe Magic System qui a créé le Femua (Festival de musiques urbaines d’Anoumabo) à Abidjan. Ce festival attire chaque année vers le mois d’avril les musiciens d’Afrique et d’autres parties du monde.
Pourquoi ne pas faire de notre musique une industrie ?
Même les grands chanteurs congolais vont se produire au Femua. D’ailleurs, c’est sur la scène du Femua que Papa Wemba est décédé le 24 avril 2016. Mais l’initiative de créer ce festival est venu d’A’salfo, un simple musicien. Aujourd’hui, le Femua est une référence en Afrique et dans le monde. Le gouvernement ivoirien a fini par comprendre que ce Femua est une richesse inestimable pour la Côte d’Ivoire, et depuis 2023, il l’a inscrit au budget de l’État ivoirien.
Mais qu’est-ce qui empêche nos musiciens congolais de créer la même chose chez nous ? Qu’en pense le gouvernement ? Rien ! Des icônes comme Fally, Koffi, et bien d’autres, capables de remplir jusqu’à déborder le stade des Martyrs ! Ils ont tous les atouts pour créer un festival plus grand que le Femua, mais hélas ! Ils sont là à se plaindre du déclin de la musique congolaise. Déclin dont ils sont eux-mêmes acteurs. Ils préfèrent polémiquer, s’insulter, se faire des crocs-en-jambe…
Pourtant, au vu de son importance et de sa renommée, la rumba congolaise devrait être une véritable industrie musicale qui génère de grands revenus pour nos artistes et pour le pays. Malheureusement, on n’y pense même pas. On préfère promouvoir des salles européennes : Zénith, Adidas Arena, Paris La Défense Arena, Olympia, Bataclan…
Sait-on combien de devises génère Nollywood pour le Nigeria ? Environ 6 milliards de dollars ! Pitié pour mon pays ! Notre gouvernement ne sait même pas ce que signifie un droit d’auteur. S’il le savait, il aurait valorisé. Il se serait investi à stimuler la créativité artistique.
L’humour, une autre industrie oubliée
La RDC fait éclore de nombreux talents dans le domaine de l’humour et du théâtre. Regardez ce qu’a pu produire Herman Amisi lors de la CAN en Côte d’Ivoire, notamment son célèbre mot d’ordre : « Surveillez le fleuve ! » Le monde entier en a parlé et le drapeau national a été honoré.
Mais dans ce domaine de l’humour, aucune initiative du gouvernement ni des artistes eux-mêmes dans le sens de construire quelque chose de grand ! Alors que sous d’autres cieux, un certain Mamane, humoriste nigérien, a créé « le Parlement du rire ». Un festival devenu une référence et qui attire annuellement des sponsors et des comédiens de toute l’Afrique. Aux États-Unis, il y a la cérémonie des Oscars. Mais chez nous, on est incapable de produire de telles inspirations, tant on est pleins de haine et de jalousie.
Imaginez que notre gouvernement est incapable de créer ne serait qu’un mémorial du génocide pour honorer nos millions de morts de l’est du pays ! Quelle honte ! Mais je connais certains de nos dirigeants qui sont allés s’incliner sur les tombes du mémorial du génocide rwandais… Incapables de construire la même chose pour nos morts.