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En RDC, l’église est-elle au milieu du village ou d’un seul côté ?

Dans son homélie à la cathédrale Notre Dame du Congo, le cardinal Fridolin Ambongo a dressé un tableau sombre des 60 ans d’indépendance du Congo. Un discours sans grande surprise, excepté le passage où il s’en prend aux immigrés installés au Congo.

La position de Fridolin Ambongo interroge sur les valeurs de paix et de cohabitation que se devrait de privilégier un prélat de son rang. Déjà lorsqu’il était en visite à Bunia, une région secouée par les tensions entre ethnies sur fond de conflits fonciers et de nationalité, le cardinal avait là aussi dénoncé un plan de balkanisation de la région par les pays voisins, citant des populations rwandophones et ougandophones qui occuperaient des maisons abandonnées par des populations fuyant l’insécurité.

Une position assez proche de l’aile radicale de l’opposition portée par Adolphe Muzito et Martin Fayulu. On s’en souvient, Muzito avait même provoqué l’ire de la communauté nationale en recommandant une invasion du Rwanda.

Le problème est que personne ne sait de quels villages il s’agit.

Ambongo n’est pas le premier

Les prélats qui tiennent des discours radicaux, notre pays en a déjà connu. Dans son livre « La saison sèche est pluvieuse », paru aux éditions Médiaspaul, l’historien Isidore Ndaywel rapporte des propos qu’aurait tenus le vicaire apostolique d’Elisabethville, Monseigneur Jean Félix De Hemptine. Ce dernier mettait en garde des Katangais contre les méfaits des Kasaïens, après la victoire de certains d’entre eux aux élections communales de 1957. Est-ce de là que vient une partie des tensions communautaires dans le Haut-Katanga ?

La Céni : l’autre pomme de discorde

Mais c’est la prise de position du cardinal au sujet de la désignation d’un nouveau président à la Céni qui a le plus choqué. Evoquant des irrégularités et la nécessité d’entamer des réformes de la centrale électorale avant d’en désigner les animateurs, le cardinal a stigmatisé les autres confessions religieuses, estimant que les catholiques et les protestants constituent 80% des croyants du pays. Une façon de délégitimer les autres confessions religieuses qui ont parlé d’incitation à la haine et de « croisade ».

Après avoir été dirigé par un prêtre et deux pasteurs, la Céni n’a jamais réussi à rassurer tous les acteurs sur son impartialité. Un échec qui est le fait des confessions religieuses qui n’ont pas pu, depuis des décennies, y placer l’oiseau rare. La désignation du président de la Céni a toujours été l’objet d’un consensus. C’est l’Eglise catholique qui a proposé et organisé un cadre de concertation pour la désignation du président, en invitant les sept confessions religieuses au complexe scolaire cardinal Monsengwo à Kinshasa. Six des huit représentants ont opté pour Ronsard Malonda, sauf l’Eglise du Christ au Congo et l’Eglise catholique.

Pourquoi les catholiques et l’ECC, faute de consensus, en arrivent jusqu’à dénigrer leurs partenaires et jouer sur la corde identitaire en parlant d’immigrés envahisseurs ? En interférant beaucoup trop dans ce qui est à César, au détriment de ce qui est à Dieu, les hommes d’églises ressemblent de plus en plus, à des politiciens en soutane.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Des communiqués des Eglises Kimbanguiste et Musulmane de la veille démentent les propos cet article. Bien plus, pourquoi les politiciens pensent qu ils sont les seuls habiletés de parler a propos….?